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ici pour publier la religion sainte, je désire prêcher dans votre royaume, etc. » Et comme une telle déclaration aurait certainement pris beaucoup de temps en conférences réciproques, alors nous aurions vu l’état de choses, et nous aurions pris une dernière détermination. En adoptant ce plan, ç’aurait été bien autrement que d’entrer clandestinement et à la dérobée. Voilà le motif qui nous a fait écrire cette lettre. Ce n’est point parce que nous ne voulons point recevoir Monseigneur, ou parce que nous voulons le rejeter, à Dieu ne plaise ! nous craignons trop la peine de la grande excommunication. Mais aujourd’hui, frappés de terreur comme d’un coup de foudre à la lecture de l’avis ou de l’ordre que Monseigneur nous a envoyé, nous avons la confiance qu’il daignera examiner l’état des choses. (Ils ont mal pris le sens de ma lettre, peut-être leur a-t-elle été mal expliquée.) Or, nous obéissons aux ordres que Monseigneur nous a envoyés par maître Ouang. L’année prochaine, à la onzième lune, nous enverrons des chrétiens à Pien-men pour recevoir Monseigneur, absolument de la même manière que nous reçûmes, l’année dernière, le P. Pacifique. Monseigneur et maître Ouang se rendront au lieu convenu quelque temps avant le jour fixé ; ils prendront logement dans une boutique. Les signes de reconnaissance seront les deux lettres ou caractères : Ouan, Sing (c’est-à-dire, dix mille félicités, ou bien, avoir une entière confiance). Ils tiendront à leurs mains les mouchoirs dont on est convenu, et tout ira très-bien. Nous recevrons d’abord Monseigneur, et ensuite, l’année prochaine, maître Ouang ; ce qui sera aussi bien. Nous vous rappelons l’état de notre pays : tous les chrétiens sont pauvres, ils n’ont pas de quoi vivre ; comment pourront-ils se procurer l’argent que nous pensons être nécessaire pour recevoir, loger et nourrir un évêque ? Nous dépenserons pour cela au moins la somme de cinq cents taëls (environ 3,500 francs). Si Monseigneur désire que tout soit bien ordonné, en ce cas-là, il faudra mille ou même deux mille taëls (14,000 fr.). Plus il y aura d’argent, mieux on arrangera tout. Mais pourrons-nous ramasser une si grande somme ? Il faut préparer tout selon nos forces et selon les circonstances du temps ; cela se fera peu à peu. Nous espérons que Monseigneur aura égard à l’état misérable de notre pays, et qu’il ne se plaindra point : nous l’espérons et nous l’espérons.

« Il y a, outre ce que nous venons de dire, bien d’autres choses que nous avons confiées à maître Ouang pour être rapportées verbalement à Monseigneur : c’est pour cela que nous ne les mettons pas par écrit. Qu’il donne promptement réponse.