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l’Évangile. Depuis trente ans nous pleurions, nous gémissions, plongés dans une nuit éternelle, lorsqu’un matin le bienfait d’une lumière immense a brillé à nos yeux, et nos vœux ont été pleinement remplis. Or, nous n’avons reçu tous ces bienfaits que parce que noire grand seigneur (Mgr de Nanking) a exaucé les gémissements des brebis abandonnées, et a tout ordonné et tout disposé par sa sincère miséricorde. Nous pécheurs, nous lui rendons grâces, nous avons gravé dans nos cœurs la mémoire de tous ses bienfaits, et nous désirons vraiment lui être obéissants de tout notre cœur, de toute notre âme, de toutes nos forces. Mais pour le moment, il y a bien des difficultés ; les fidèles sont pauvres, et ils manquent de ressources pécuniaires. Notre missionnaire loge dans une chambre grossièrement construite avec de l’herbe, et difficilement il peut se procurer quelques légumes et quelques plantes insipides pour se nourrir. Plusieurs chrétiens se réfugient dans les montagnes et meurent de faim. Tous les moyens que nous avons imaginés pour remédier à cet inconvénient ont été inutiles. Les circonstances ne sont pas favorables. Le missionnaire évangélise secrètement en Corée, et quoique pour le présent sa venue soit un bienfait au-dessus de nos mérites, cependant, comme il y a toujours quelques causes de danger, il est difficile que nous puissions jouir longtemps d’une constante tranquillité ; s’il survenait quelque accident, nous ne saurions où aller. Non-seulement ce serait un grand malheur pour la Corée, mais encore pour l’église (de Péking), et de plus tout espoir d’avoir à l’avenir des missionnaires nous serait enlevé pour jamais. N’est-ce pas bien douloureux ? Nous pécheurs, de concert avec notre missionnaire, nous avons trouvé ou imaginé un moyen de parera ce malheur. Le voici : nous ferons entrer en Chine un ou deux jeunes gens, afin qu’après avoir été ordonnés prêtres ils rentrent en Corée, et succèdent à la prédication de la sainte grâce, c’est-à-dire, qu’ils prennent la place de notre missionnaire et continuent la prédication de l’Évangile. Si ce projet est adopté, il sera avantageux à nous tous, et l’on pourra ainsi continuer successivement la publication de l’Évangile. Ce plan avait été proposé autrefois par l’église (de Péking), et notre propre prêtre (le P. Pacifique) l’approuve beaucoup.

« Nous demandons donc que Son Excellence prononce sur cette affaire, et daigne nous manifester ses intentions. Si ce projet se réalise, ce sera un très-grand avantage. Quand nous aurons conduit ces jeunes gens jusqu’aux frontières, il est nécessaire qu’il y ait là quelqu’un pour les recevoir. Alors tout sera bien,