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espoir de réussir, je serai le premier à me remettre en marche. » Je consultai Mgr du Chang-si et un de ses missionnaires, pour connaître leurs sentiments sur le plan propose. Ce prélat me répondit que, dans une affaire de cette importance, il fallait suivre la voie ordinaire et qu’on ne devait employer des moyens extraordinaires que lorsqu’ils étaient commandés ou approuvés par l’autorité ecclésiastique, ou lorsqu’on se sentait évidemment inspiré de Dieu. Cet avis me parut sage : j’écrivis donc à Rome pour savoir ce qu’il fallait faire dans une circonstance si critique. Les mesures proposées par M. Maubant me paraissaient être une résolution désespérée, qu’on ne devait employer tout au plus que lorsque l’on aurait employé inutilement tous les moyens que dicte la prudence. Plus tard il m’a expliqué son projet : il m’a paru praticable…

« Le 8 septembre, Joseph, que l’on croyait mort, arriva ; il avait été cent vingt jours en route, il avait rempli sa commission aussi bien qu’il lui avait été possible. Voici son rapport : « Il y a un chemin pour aller de la Tartarie orientale en Corée ; on peut passer la grande muraille, soit par les portes, quoiqu’elles soient toujours gardées, soit par les brèches que les injures du temps y ont faites. J’ai trouvé dans la Tartarie occidentale des lieux où vous pouvez être en sûreté ; les chrétiens consentent à vous recevoir (ces districts appartiennent à MM. les lazaristes français) ; mais dans la Tartarie orientale (Léao-tong), je doute qu’aucun chrétien veuille agir de même. Dans la Tartarie occidentale, on trouve de grands déserts ; ce sont des lieux presque inhabités et dangereux pour les voyageurs ; ils courent risque d’être dépouillés par des bandes de voleurs qui infestent ces contrées. Deux petites caravanes qui nous précédaient ont été volées ; le bon Dieu nous a préservés de ce malheur, ces maraudeurs ne nous ont point aperçus. On peut aller facilement jusqu’aux frontières de la Corée sans être reconnu, on peut même entrer furtivement dans ce royaume ; j’ai parlé à des Chinois qui l’avaient fait. J’ai été jusqu’à la porte chinoise qui est à l’extrême frontière de la Tartarie ; on peut tromper la vigilance des gardes. Entre cette porte et le premier poste coréen, il y a un désert d’environ douze lieues ; il est traversé par un grand fleuve, qui est gelé deux mois de l’année. Il est défendu à qui que ce soit de former des établissements dans ce désert. Les Chinois et les Coréens peuvent pêcher dans le fleuve, c’est un moyen de plus pour s’introduire. Il y a trois foires qui se tiennent régulièrement tous les ans : la première,