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rivière Salée ne fût bientôt interrompue ; alors il ordonna la destruction de tous les établissements du gouvernement, ainsi que celle du palais du roi, et nos matelots retournèrent à bord des bâtiments mouillés devant l’île Boisée.

« Les caisses renfermant des lingots d’argent, représentant une valeur de cent quatre-vingt-dix-sept mille francs, des manuscrits et des livres qui peuvent offrir quelque intérêt pour la science, ont été dirigées sur Chang-haï, d’où elles seront transportées en France.

« Le contre-amiral Roze annonce également que les deux missionnaires qui étaient restés en Corée sont venus le rejoindre, après avoir réussi à se faire débarquer à Tche-fou.

« La destruction de Kang-hoa, place de guerre importante, des poudrières et des établissements publics que cette ville renfermait, a dû prouver au gouvernement coréen que le meurtre des missionnaires français ne restait pas impuni. »


Telle est la version officielle de l’expédition de Corée. Voici maintenant le récit beaucoup plus détaillé de M. Ridel. Il nous fera connaître, au sujet de l’engagement final près de la pagode, la réalité un peu trop voilée sous les euphémismes de la feuille gouvernementale.

« Le samedi 13 octobre, l’escadre mouillait près de l’île Boisée. Il avait été décidé qu’on s’emparerait d’abord de Kang-hoa ; aussi, le 14, les deux avisos et les deux canonnières, remorquant toutes les embarcations où se trouvaient les compagnies de débarquement, remontèrent le détroit. La frégate et les deux corvettes, qui avaient un trop fort tirant d’eau, restèrent à l’ancre. On prit terre auprès du village de Kak-kot-tsi, et le débarquement s’effectua sans qu’il fût besoin de tirer un seul coup de fusil ; il n’y avait pas d’ennemis. À l’approche des Français, presque tous les habitants avaient pris la fuite ; quelques-uns, plus braves, étaient demeurés, mais ils se contentaient de faire de grandes prostrations. On s’établit dans le village. Deux jours après, on entra dans la ville qui avait voulu opposer quelque résistance. Quelques coups de fusil qui tuèrent trois ou quatre Coréens, mirent les autres en pleine déroute ; on brisa la porte à coups de hache. La ville était à peu près déserte ; les troupes occupèrent immédiatement le palais du mandarin, et les magasins du gouvernement.

« On y trouva des armes en abondance, des arcs et des flèches en très-grand nombre, des sabres en fer que l’on ploie sans pouvoir les casser, des casques, des cuirasses d’un beau travail mais excessivement lourdes, environ quatre-vingts canons en cuivre