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jours après, les satellites vinrent pour piller la maison, mais ils la trouvèrent occupée par un noble païen. Furieux de leur déconvenue, ils jurèrent de se venger sur Paul Kim, et, en septembre, aussitôt que le régent eut proclamé de nouveau les édits contre les chrétiens, ils le traînèrent devant le grand juge Sin Mien-sioung. Celui-ci, voyant son état d’infirmité, ne lui fit subir aucun interrogatoire ni aucune torture. Il le condamna à mort comme chrétien, et donna ordre de l’exécuter en compagnie de Thomas Kim. Un mois plus tard, les chrétiens lui donnèrent une sépulture honorable auprès des autres martyrs, sur la montagne de Ouai-ai-ko-kai. Dans les quelques jours qui suivirent l’exécution de Thomas et de Paul, quatre autres chrétiens moururent de faim dans les prisons de Kong-tsiou. On ne sait pas leurs noms, et l’on n’a aucun détail sur leur martyre.


Nous avons laissé M. Ridel à Tien-tsin, où il avait été informer l’amiral Roze des graves événements dont la Corée venait d’être le théâtre. L’amiral se disposait à porter secours aux deux missionnaires français encore exposés à la mort, quand la nouvelle d’une révolte en basse Cochinchine le força de prendre une autre direction. Il promit à M. Ridel de faire, à son retour de Cochinchine, une descente en Corée. Le missionnaire revint à Tche-fou où il séjourna jusqu’à la mi-août. À cette époque, les Coréens qui l’avaient accompagné demandèrent à retourner dans leur pays. Il en laissa partir huit, et, avec les trois autres, se rendit à Chang-haï pour attendre les événements. Trois semaines plus tard, il reçut de l’amiral Roze l’invitation de se rendre à Tche-fou pour l’accompagner en Corée. Il partit en toute hâte, et arriva le 10 septembre à bord de la frégate la Guerrière. Lui-même va nous raconter, dans tous ses détails, l’histoire de cette expédition.

« Il fut décidé que la corvette le Primauguet, l’aviso le Déroulède et la canonnière le Tardif, iraient faire une première reconnaissance sur les côtes de Corée. L’amiral me prit comme interprète pour ce premier voyage, avec mes trois Coréens comme pilotes. Partis le 18 de Tche-fou, nous étions, le 20, dans un groupe d’îles dont les premières sont les îles Ferrières et Clifford, et nous mouillâmes dans la baie du prince Jérôme, à une île qui fut nommée Eugénie. Le 21, l’amiral envoya son aide de camp sur le Déroulède pour explorer le chemin de la capitale ; je l’accompagnai. Toujours dirigés par le pilote coréen qui connaissait à fond tous les coins et recoins de la côte, nous