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François-Xavier Tsieun, originaire du Naï-po, appartenait à une famille de la classe moyenne qui s’était convertie dès le temps de l’introduction du christianisme en Corée. Son père avait longtemps et dignement exercé les fonctions de catéchiste, et lui-même lui avait succédé dans cette charge. Au moment de son arrestation, il demeurait dans le village de Kon-aki, cultivant la terre, et vivant tranquillement avec sa femme et ses trois enfants. Sa science bien connue, la douceur de son caractère, et son zèle pour le salut des âmes, lui avaient conquis l’affection et l’estime de tous. Jean Ni était le fils du catéchiste de Iei-mok-i. Sa famille, chrétienne depuis trois générations, était comme celle de Xavier, originaire du Naï-po. Bien qu’appartenant à la classe moyenne, elle était peu favorisée des biens de la fortune, mais en revanche, elle avait toujours brillé par la foi et le courage de ses membres, dont trois déjà avaient gagné la palme du martyre.

Les satellites, aussitôt après avoir saisi Xavier et Jean, laissèrent aller les femmes et les enfants qu’ils avaient pris dans le village. La capture de ces deux chrétiens marquants leur suffisait. Au tribunal du mandarin, on produisit les bâtons dont ils étaient armés, afin de les accuser d’être des perturbateurs du repos public. La preuve sembla plus que suffisante à ce juge inique qui les fit flageller et mettre à la torture, puis les expédia, la cangue au cou, au gouverneur de la province à Kong-tsiou. La distance était de plusieurs journées de marche, et ils eurent beaucoup à souffrir, pendant la route, de la brutale violence des satellites. Le gouverneur, instruit de l’affaire dans tous ses détails, reconnut leur innocence, mais comme ils étaient chrétiens, avant de les mettre en liberté, il exigea, selon la loi, qu’ils prononçassent d’abord une formule d’apostasie. Sur leur refus énergique, il les fit mettre à la torture. Dans les deux interrogatoires qui suivirent, à quelques jours de distance, Xavier et Jean eurent l’occasion d’exposer nettement devant la foule, les vérités fondamentales de la religion, l’existence de Dieu, ses principaux attributs, la création, la rédemption, les commandements de Dieu, etc… Le gouverneur eût voulu les sauver ; il les pressait de dire seulement un mot équivoque qui pût passer pour un acte de soumission au roi. Jean lui répondit avec calme au nom des deux : « Vous arracheriez nos quatre membres en les attachant aux branches d’un arbre, vous couperiez notre chair en lambeaux, vous réduiriez nos os en poudre, que nous n’apostasierions point. — Est-ce du fond du cœur que vous parlez