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soir faite ! que son saint nom soit béni ! M. Landre, ce confrère si bon, si zelé, si pieux, est parti pour un monde meilleur. J’avais été appelé auprès de lui une quinzaine de jours auparavant, à cause d’une forte fièvre dont il avait été attaqué, mais au bout de quelques jours, la fièvre ayant disparu, je le laissai en pleine convalescence et commençant à reprendre ses forces. Il était convenu qu’il viendrait me joindre le 20 septembre ; mais, le 16, un chrétien vint m’apprendre qu’il était mort la veille, emporté en quelques heures par une maladie épidémique. Je me mis en route aussitôt, et je rencontrai près du corps Mgr Daveluy qui à la première nouvelle du danger était accouru, mais n’avait pu arriver que deux ou trois heures après la mort de ce cher ami. Nous confondîmes nos larmes, adorant les impénétrables desseins de Dieu sur notre pauvre Corée. Priez et faites prier beaucoup pour nous et nos chrétiens. »

En même temps que le nombre des missionnaires diminuait, celui des chrétiens allait en augmentant. Chaque année, en moyenne, près de mille catéchumènes étaient régénérés dans les eaux du baptême, et s’efforçaient à leur tour de communiquer à d’autres la grâce qu’ils avaient reçue. Comme nous l’avons souvent remarqué dont le cours de cette histoire, les rigueurs injustes exercées contre les chrétiens, en les forçant à des émigrations continuelles, devenaient dans les desseins de la Providence, un puissant moyen d’évangélisation. La persécution de 1860, les troubles, les vexations, les inquiétudes des années suivantes, avaient dispersé beaucoup de néophytes dans toutes les directions. C’était l’orage qui emportait la divine semence aux quatre vents du ciel. Presque partout, ces pauvres chrétiens perdus à de grandes distances, au milieu des païens, réussissaient à former autour d’eux un petit noyau de catéchumènes. La lettre des prières et de quelques chapitres du catéchisme formait toute leur science, mais leur ferveur, leur simplicité, leur zèle à chercher le baptême ou à se préparer aux sacrements, attiraient sur eux la miséricorde de Dieu. Les missionnaires, trop peu nombreux, ne pouvaient les visiter tous ; ils passaient quelques jours dans chaque centre un peu important, et repartaient à la hâte. Un séjour trop prolongé eût tout compromis en attirant l’attention des païens ; d’ailleurs le temps manquait. Néanmoins, dans ces haltes si courtes, ils trouvaient toujours, préparés au baptême, quelques adultes amenés à la foi tantôt par la rencontre fortuite d’un livre de religion, tantôt par quelque parole ou par quelque acte des chrétiens qui vivaient dans leur voisinage. C’est surtout dans le sud-est,