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nous firent arrêter un instant dans une chambre assez simple mais propre, puis nous conduisirent à travers une cour intérieure dans une salle où nous attendaient deux personnages à la barbe longue et épaisse, aux traits vieillis par les fatigues plus encore que par l’âge. C’étaient Mgr Berneux et son coadjuteur Mgr Daveluy. Nous nous jetâmes à leurs pieds, et après quelques instants d’une conversation à voix basse, portes et fenêtres hermétiquement closes, Mgr Daveluy célébra la sainte messe, pour remercier Dieu de notre heureuse arrivée, et lui demander que les quatre nouveaux venus fussent bientôt quatre véritables apôtres.

« Après quinze jours délicieux passés dans la société de nos vénérables évêques, nous dûmes nous séparer, pour aller chacun de notre côté étudier la langue coréenne. Dès la fête de l’Assomption, Mgr Berneux étant avec nous, nous avons entendu chacun une dizaine de confessions, et au moment nous écrivons (octobre 1861), Sa Grandeur vient de nous assigner nos districts respectifs. La mission de Corée a été tout récemment dédiée à la très-sainte Vierge, et chaque district porte le nom d’une de ses fêtes. La ville de Séoul, capitale, où demeure le vicaire apostolique, est le district de l’Immaculée-Conception ; celui de Mgr Daveluy porte le nom de la Nativité ; celui de M. Féron est le district de l’Assomption ; le collège où résident maintenant MM. Pourthié et Petitnicolas, s’appelle le collège Saint-Joseph. Nous autres avons eu en partage : M. Ridel, le district de la Présentation ; M. Joanno, celui de l’Annonciation ; M. Landre, celui de la Visitation ; et M. Calais, celui de la Purification… »

De son côté, Mgr Berneux écrivait à M. Albrand, supérieur du séminaire des Missions-Étrangères : « Vous avez appris l’heureux succès de l’expédition de Mérin-to. Mon bateau a enfin rencontré nos quatre confrères. La joie de part et d’autre a été d’autant plus grande que le mauvais succès des années précédentes nous faisait craindre encore pour cette année. Grâce à Dieu, nos craintes ne se sont pas réalisées ; les missionnaires sont entrés ; le bagage a bien couru risque d’être confisqué, mais nous avons perdu seulement la valeur de 2,000 francs. Maintenant, que le travail vienne, les ouvriers ne manqueront pas. La seule difficulté est de trouver un gîte où chacun d’eux puisse être à peu près en sûreté. Nous ferons ce que nous pourrons, et abandonnerons le reste à la divine Providence.

« Ce renfort nous est venu bien à propos. Car, outre que le nombre de nos chrétiens augmente chaque année et que les forces