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« Cependant, chaque année de nombreuses émigrations sortent de ces montagnes, le mouvement prend un accroissement rapide, et le prêtre, à chacune de ses visites annuelles, confère le baptême à beaucoup de nouveaux frères. Notre culte est un fait publie ; le catéchiste est connu comme tel par tous les habitants, et chaque jour quelque idolâtre vient lui demander ce que c’est que l’Évangile. Loin de désigner ici notre foi par un terme de mépris, comme on le fait ailleurs, on ne l’appelle que la sainte Religion ! Le gouverneur a connaissance de ces faits ; mais comme il croit que presque tout le peuple y prend part, et qu’il ne pense pas pouvoir arrêter le mouvement, il se tait ; d’ailleurs les prétoriens sont pour nous, et savent par leurs rapports aux mandarins prévenir les mesures rigoureuses. Il y a bien quelques vexations de la part des païens, mais jusqu’à présent on a pu leur tenir tête. Ainsi, il y a trois ans, un grand village, poussé par son chef, tint conseil et décréta de chasser tous les chrétiens établis sur son territoire. Sur ce, le chef étant allé passer quelques jours chez un païen de sa connaissance, leur entretien roula sur la religion. L’ami en parla favorablement, et dit que surtout il fallait bien se garder de toucher aux chrétiens, parce que ce serait s’exposer à de graves accidents. Notre homme revint donc au village, bien décidé à révoquer le décret d’expulsion ; mais pendant son absence, l’ordre avait été déjà intimé aux fidèles de déguerpir, et, sur leur refus, des dommages commis et un néophyte blessé. Le chef, dont les idées étaient changées, se mit en colère de ce qu’on avait fait cette démarche sans lui, punit sévèrement ceux qui avaient molesté les chrétiens et se posa en protecteur de la religion, qui continue de faire des prosélytes.

« Vers la même époque, un païen de la capitale va passer un mois ou deux dans ce pays pour ses affaires. Le bruit public lui apprend que tels et tels sont chrétiens ; il les fréquente et, les trouvant d’une rare probité, leur demande à connaître la religion. Son désir est aussitôt satisfait ; il lit nos livres de prières, devient l’ami des chrétiens, avoue que leur foi est bonne, et, touché de la misère de ces pauvres gens qui ne pouvaient se bâtir un oratoire convenable, il leur donne cent francs pour aider à la construction d’une église.

« Il y a deux ans, un de nos néophytes a été exilé dans le chef-lieu de ce district. Chrétiens, païens, prétoriens, tous lui sont favorables, et il vit là beaucoup mieux qu’il n’eût pu faire dans son pays. Il a appelé près de lui sa famille, et pratique fort tranquillement son culte. Quelques personnes influentes, gagnées sans