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deux mains contre les épaules. Depuis deux ans elle se tient, jour et nuit, dans cette terrible position, sans que sa constance faiblisse. Elle a dû, en outre, avaler mille drogues commandées pour la guérir, et subir des opérations douloureuses. Mais tout lui paraît facile, parce qu’il s’agit du salut de son âme. Ce printemps, elle a pu s’échapper un instant de la maison, et aller recevoir les sacrements près de Mgr de Capse.

« Plusieurs de ces vexations domestiques, courageusement supportées il y a peu d’années, portent déjà leurs fruits. La constance d’un néophyte nous a récemment amené au moins trente ou quarante personnes, aujourd’hui baptisées ou catéchumènes. D’autres ont converti seulement leur propre famille, et ces cas sont fréquents. Certains villages aussi semblent fortement ébranlés, et nous y ferons des recrues. Une nouvelle à laquelle vous ne serez pas insensible, c’est que nous avons un catéchumène capable et influent dans la ville où résident les Japonais. Il s’est mis en rapport avec le missionnaire, et lui a fait espérer un noyau de fidèles pour l’administration qui va commencer. Qu’en résultera-t-il ? Priez beaucoup pour cette chrétienté au berceau, mais priez encore plus pour la grande île. Vous savez qu’un Coréen avait été sauvé de la mort, près de Canton, par un navire anglais, et que, recueilli par notre procureur de Hongkong, il y fut baptisé. Ce brave homme est revenu par Péking et Pien-men. Il eut beaucoup de peine à se faire recevoir par nos néophytes, mais enfin sa constance fut couronnée, et on le reconnut comme un frère. Or, après avoir vu deux d’entre nous, il est retourné à Quelpaert dans sa famille, espérant la convertir tout entière, et il a promis de venir nous voir l’été prochain. Vous comprenez quelles heureuses conséquences aurait la réussite de ses efforts. Cette île, qui est fort peuplée, n’a sans doute jamais entendu la bonne nouvelle. N’est-ce pas un coup de la Providence que le retour de ce naufragé converti en apôtre ?

« Je ne puis me refuser à vous tracer ici une ébauche du bien merveilleux qui s’opère aujourd’hui dans une chrétienté perdue au fond de la province du sud-est. C’est absolument le grain de sénevé jeté en terre par la main de la Providence. En 1801, un chrétien fut envoyé en exil dans cette contrée lointaine, que d’énormes montages isolent des autres districts. C’était un néophyte fervent et capable. Sa conduite digne et régulière lui gagna tous les cœurs, et toutefois on ne cite qu’une famille convertie alors par ses soins. Plus tard, une seconde famille fut amenée par la première, mais les fruits ne se hâtaient pas de mûrir. Aussi,