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rien tant que de rencontrer quelques chrétiens, pour apprendre d’eux plus à fond les vérités nécessaires au salut. Aussi, quittant à la hâte leur village, ils vinrent habiter auprès de leur parente chrétienne.

« Là, chrétiens et catéchumènes, ne faisant pour ainsi dire plus qu’une seule famille et s’appuyant les uns sur les autres, devinrent plus fermes dans la foi et plus fervents dans la pratique de la religion. Bien plus, par leurs efforts réunis, ils parvinrent à convertir plusieurs personnes, parmi lesquelles se trouvait la femme d’un des grands de la ville, qui combattit vaillamment le combat du Seigneur. Tourmentée de mille manières par son mari, elle opposa à ses menaces, à ses coups et à ses persécutions de tout genre une fermeté invincible. Impossible de dépeindre la sainte avidité avec laquelle cette pauvre âme, lors de mon arrivée, écouta mes paroles et reçut les sacrements. Depuis longtemps, elle ne faisait que soupirer : « Quand donc verrai-je de mes yeux le prêtre du Seigneur ? Quand donc recevrai-je de sa bouche les divins enseignements ? Lorsque cette grâce m’aura été accordée, oh ! alors je pourrai mourir en paix. »

« Tel était l’état des choses, quand, hélas ! un épouvantable ouragan vint s’abattre sur la pauvre chrétienté. La veille de mon départ, une vieille femme, toute transportée de joie au sortir de l’oratoire où elle avait, avec les autres chrétiens, entendu la divine parole et participé aux sacrements, s’en alla trouver une de ses amies qui, sourde jusque-là à toutes ses exhortations, n’avait jamais consenti à embrasser la religion chrétienne. Elle lui raconta tout ce qu’elle venait de voir dans l’oratoire, persuadée qu’elle la convertirait en lui révélant toutes les merveilles auxquelles elle avait pris part, et qui remplissaient son cœur d’une joie indicible. Mais cette amie insensée rapporta tout à son mari. Celui-ci convoqua pendant la nuit tous les maris de ces femmes qui honoraient Dieu en secret, à l’insu ou contre le gré de leurs familles, et leur dévoila ce qu’il venait d’apprendre. Là-dessus, grand émoi ; on résolut de chasser immédiatement de la ville la famille de cette femme exilée, laquelle, étant tout entière chrétienne, avait seule pu dresser un oratoire dans sa maison.

« Je venais de célébrer la sainte messe et de terminer l’administration des sacrements, j’étais à peine sorti de la ville et le plus jeune des membres de cette maison, qui m’avait accompagné, n’avait pas encore eu le temps de revenir auprès des siens, quand la populace, se précipitant sur l’oratoire, démolit la maison, pilla et dévasta tout ce qui appartenait à cette infortunée