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baptiser. » Ce bon vieillard reçut en effet le baptême quelques semaines plus tard.

« Une jeune fille païenne qui commençait à pratiquer l’Évangile, est donnée en mariage à un païen. Elle continue, dans sa nouvelle famille, à réciter chaque jour ses prières, lorsqu’elle est sans témoin ; mais quelque précaution qu’elle prenne pour n’être pas aperçue, sa belle-mère et la sœur de son mari Font vue plusieurs fois se mettre à genoux dans un coin de la chambre et même pendant la nuit, lorsqu’elle croyait que tout dormait auprès d’elle. Ce qui étonne surtout, c’est de la voir si douce, si patiente, et obéissant toujours avec tant de respect aux moindres ordres qui lui sont donnés. « Vous avez un secret que vous me cachez, » lui dit un jour sa belle-sœur. — « Moi, un secret ? lequel donc ? — Oh ! riez tant que vous voudrez, mais vous avez un secret, vous êtes toute différente des autres femmes. — Vous plaisantez ; qu’ai-je donc de si singulier ? » Enfin, vaincue par les instances de la jeune fille, à qui elle ne voit aucun danger de se confier : « Oui, en effet, » lui dit-elle, « j’ai un grand secret, écoutez-le. J’ai le bonheur de connaître le vrai Dieu et je l’adore. C’est lui que je priais lorsque vous m’avez surprise à genoux au milieu de la nuit ; je n’ose ni me mettre en colère, ni désobéir, ni médire, parce que Dieu le défend, et ce que je me propose en le servant c’est de mériter le bonheur du ciel. » La jeune fille écoute avec une attention religieuse, et dès ce jour elle apprend la prière des chrétiens avec sa belle-sœur, dont elle ne peut plus se séparer.

« La mère ne tarde pas à s’apercevoir de cette intimité, elle remarque surtout le changement qui s’est opéré dans le caractère de sa fille. Autrefois légère et irascible, elle est devenue grave et en tout semblable à sa belle-sœur. À son tour elle n’y tient plus ; il lui faut, à elle aussi, l’explication de ce mystère. Cette explication lui est donnée et produit sur elle le même effet que sur sa fille. Restait encore la grand’mère, fort âgée : même communication, même docilité à la grâce. Ces quatre femmes, heureuses du trésor qu’elles ont trouvé, pratiquent, à l’insu de leurs maris et de leur père, tout ce qu’elles connaissent des obligations du chrétien. Un obstacle cependant s’oppose à leur baptême : ce sont les superstitions auxquelles elles sont forcées de participer. Pour s’en affranchir, il faudrait déclarer aux chefs de la famille qu’elles sont chrétiennes, et cette déclaration ne leur attirerait que des mauvais traitements, et les rendrait l’objet d’une surveillance qui ne leur permettrait plus aucun exercice de religion. Il