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devenir bien grave, mais la terreur est grande dans le petit troupeau ; cela s’est passé il y a deux jours… Notre collège marche à l’ordinaire ; je n’ai pu admettre que six élèves, vu la difficulté de les tenir cachés. M. Daveluy est venu à mon secours en établissant, sur un autre point, une école où il pourra recevoir un nombre égal d’étudiants. J’aurais sans doute, Monsieur le Supérieur, bien d’autres choses à vous dire, mais j’ai l’esprit et le corps accablés de fatigue, au milieu d’une administration qu’il faut faire à la hâte, souvent de nuit, après de longs voyages au milieu des neiges et des glaces de l’hiver, qui a été rigoureux cette année. »

Les chiffres du tableau d’administration pour 1855, sont plus considérables que ceux des années précédentes : confessions annuelles, neuf mille quarante-sept ; confessions répétées, deux mille trois cent quatre-vingts ; communions annuelles, sept mille deux cent quarante-quatre ; baptêmes d’adultes, cinq cent seize ; enfants païens baptisés à l’heure de la mort, mille cent quatre-vingt-quatorze ; population chrétienne, treize mille six cent trente-huit.

Les missionnaires se multipliaient pour suppléer à leur petit nombre, mais quelque grand que soit le zèle, les forces humaines ont des limites. La santé de M. Daveluy, gravement compromise depuis plusieurs années, donnait de sérieuses inquiétudes ; M. Maistre, quoique naturellement très-robuste, fléchissait sous le fardeau ; le P. Thomas lui-même, bien qu’habitué au climat et à la nourriture du pays, était écrasé par le travail. En une année il avait dû visiter la plus grande partie des chrétiens, et entendre quatre mille cinq cents confessions. Aussi les missionnaires ne cessaient-ils de demander à Dieu d’avoir pitié de leur troupeau et de leur envoyer du renfort. Ces prières furent enfin exaucées. Il serait difficile de dire avec quelles actions de grâces ils apprirent, en 1855, que le Saint-Siège avait donné un pasteur à la Corée, et avec quels transports de joie, au commencement de 1856, ils accueillirent leur nouveau vicaire apostolique et les deux jeunes missionnaires qui l’accompagnaient. Cet évêque qui venait recueillir le glorieux héritage de Mgr Imbert et de Mgr Ferréol, était Mgr Derneux, évêque de Capse. Le lecteur nous pardonnera de donner d’assez longs détails sur la vie de ce grand et saint missionnaire, qui commença sa carrière apostolique dans les prisons du Tong-king, la continua de longues années chez les Tartares de la Mandchourie, et eut enfin le bonheur de la couronner par dix ans de travaux en Corée, et par le martyre.