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des ramilles chrétiennes, où ils sont nourris et élevés, en attendant que leur âge demande d’autres soins. Plus tard, on leur fera apprendre quelque métier, et nos chrétiens les aideront à s’établir. J’ai nommé trois baptiseurs spécialement chargés de diriger l’œuvre, et comme les femmes ont souvent un plus facile accès auprès des enfants en bas âge, j’en ai désigné deux à cet effet. Ce nombre sera augmenté à mesure que l’œuvre grandira. Les dépenses seront peut-être trouvées un peu plus fortes que dans d’autres pays ; cela vient de ce que les choses nécessaires à la vie coûtent comparativement plus cher qu’ailleurs. Ainsi, pour les enfants qu’il m’a été impossible de placer en province, et que j’ai été forcé de mettre en nourrice à la capitale, j’ai dû payer pour chacun jusqu’à 8 francs par mois… Plaise au Sauveur des petits enfants de combler de ses bénédictions votre sainte œuvre, et de nous permettre de sauver au moins les enfants de ces pauvres infidèles qui restent trop souvent sourds à toutes nos exhortations et insensibles à leur propre bonheur. »

Les lettres des missionnaires en 1855 ne nous apprennent aucun fait important. « Par la miséricorde de Dieu, » écrit le P. Thomas T’soi à M. Legrégeois, « nous jouissons d’une assez grande tranquillité. Cette année, une excellente récolte est venue consoler nos chrétiens qui avaient beaucoup souffert de la disette ; et, ce qui est bien plus important, la récolte a été bonne aussi dans le champ du Père de famille. Pour ma part, j’ai baptisé deux cent quarante adultes. Malheureusement tous n’ont pas persévéré avec le même zèle, et parmi eux, plusieurs nobles qui, tout d’abord, semblaient les plus fervents et les plus solides, sont maintenant comme le grain étouffé par les épines. Voici pourquoi. Les gens de cette classe vivent ordinairement dans l’oisiveté ; si pauvres qu’ils soient, ils aimeraient mieux mourir de faim que de travailler pour gagner le nécessaire ; aussi vivent-ils de rapines, de fraudes et d’exactions. Le plus grand nombre sont adonnés au jeu, à l’ivrognerie, à la débauche. Si quelqu’un d’eux vient à se convertir, comme il ne peut plus commettre d’injustices, et ne consent pas d’ailleurs à exercer un métier honnête, il est bientôt réduit à la misère, et souvent la faim le pousse à ses anciens errements ; il devient alors pire que jamais.

« Aujourd’hui, le gouvernement ne s’occupe pas de nous. Il a sur les bras des affaires bien autrement importantes. Il s’agit maintenant de transférer ailleurs huit tombeaux des ancêtres du roi, car les sages ont décidé que la nature du terrain où ont été placés ces tombeaux est très-défavorable, ce qui fait que les âmes de