Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/365

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exposés à de nombreuses maladies : le délire, les crachements de sang, les langueurs et autres infirmités. J’attribue, sans hésitation, presque toutes ces maladies à la mauvaise qualité de l’eau ; si donc vous connaissez un moyen de l’assainir, veuillez me l’indiquer clairement. J’ai encore une demande à vous adresser. Si vous y faites droit vous procurerez à nos pauvres chrétiens une bien grande consolation. Ils ont une véritable passion pour les objets de piété, et rien ne leur coûte pour se procurer des images, des crucifix, des médailles. Je puis, sans grandes difficultés, recueillir quelques valeurs pour acheter ces objets, mais le difficile est de faire passer ces valeurs dans le commerce. Si elles étaient en argent, rien ne serait plus commode, mais en Corée l’argent est peu connu. Veuillez donc, mon père, me procurer une certaine quantité de crucifix grands et petits, de médailles, d’images de Notre Seigneur, de la sainte Vierge, de saint Joseph, de saint Jean-Baptiste, des apôtres, des docteurs, des autres saints et saintes dont les noms se trouvent dans les litanies ; que ces objets soient bien et solidement faits. Je vous en ferai parvenir le prix plus tard, quand j’en aurai l’occasion.

« Le P. Daveluy ne peut encore rien faire. Monseigneur et moi sommes seuls à visiter les chrétiens. Nous sommes assez tranquilles ; il n’y a pas précisément de persécution générale, mais les persécutions particulières sont toujours nombreuses. Plaise à Dieu qu’enfin les persécuteurs de son saint nom arrivent à la connaissance de la vérité et entrent dans le bercail de l’Église, afin que tous nous servions librement Dieu dans une sainte allégresse ! Je finis en saluant, en Notre Seigneur Jésus-Christ, tous les bien chers et révérends Pères, et en les suppliant de penser souvent aux infortunés Coréens. »

À cette lettre si intéressante, nous n’ajouterons que quelques mots pour compléter l’histoire de l’Église de Corée pendant les années 1849 et 1850.

Le roi dont le P. Thomas T’soi annonce la mort, se nommait Hen-tsong. Il s’était attiré la haine de tous ses sujets. Livré à des passions sans frein, il ne connaissait d’autre règle que ses caprices, et foulait aux pieds les lois et coutumes du pays. Il n’avait d’autres occupations que le jeu et la débauche, ruinait l’État par de folles dépenses, vendait les dignités et charges publiques, s’entourait des plus vils scélérats et punissait la moindre parole de blâme, la plus humble représentation, par l’exil, le poison, ou la corde. On dut néanmoins le pleurer selon toutes les règles, et le dernier village de Corée, aussi bien que la