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mam illius ; consummata in brevi, explevit tempora multa. Elle était aimée de tout le monde, et semait sur ses pas la piété et la connaissance de la doctrine chrétienne. Jugez par cet exemple des difficultés que nous rencontrons, forcés que nous sommes de détourner de leur dessein, même par le refus des sacrements, les âmes pures qui désirent consacrer au Seigneur leur virginité.

« Depuis mon entrée en Corée, je n’ai eu aucun repos ; je suis toujours en course, je n’ai passé que le seul mois de juillet dans la même maison. Depuis le mois de janvier, j’ai fait, sans compter le chemin de la Chine à Séoul, environ cinq mille lys. Pendant tous ces voyages, au milieu de tous ces travaux, grâce à Dieu, j’ai toujours joui d’une bonne santé. J’ai visité trois mille huit cent quinze chrétiens. J’en ai confessé deux mille quatre cent un, communié mille sept cent soixante-quatre ; baptisé cent quatre-vingt-un adultes et quatre-vingt-quatorze enfants ; suppléé les cérémonies du baptême à neuf cent seize ; reçu deux cent soixante-dix-huit catéchumènes ; baptisé à l’article de la mort, quatre cent cinquante-cinq enfants d’infidèles. Quelques chrétiens sont restés dans la plaine, dans les lieux de leur naissance, au milieu de leurs parents païens ; généralement, ceux-là sont ignorants et tièdes. Le plus grand nombre quittent tout, rompent tous les liens de la chair et du siècle, et se réfugient dans les montagnes, où ils cultivent le tabac et le millet. Ils sont passablement instruits, et observent très-fidèlement les préceptes de notre sainte religion. Malheureusement ils ne peuvent pas rester longtemps dans ces solitudes ; peu à peu ils finissent par être connus des païens, et dès lors, sont exposés à leurs persécutions.

« Beaucoup de Coréens sont tout disposés à embrasser la foi chrétienne, mais ces difficultés les arrêtent. Les femmes surtout ne demanderaient pas mieux que de se convertir, mais elles sont presque dans l’impossibilité de le faire. Si elles restent dans leurs familles, elles ne peuvent remplir leurs devoirs de piété ; si elles les quittent, elles ne trouvent aucun asile, et courent grand danger d’être enlevées par les païens. Ainsi, pendant la persécution et la famine qui désolèrent l’année 1839, nombre de chrétiennes, forcées de s’enfuir et de mendier leur nourriture, devinrent par force les concubines ou les esclaves des païens. Oh ! quelle douleur je ressens lorsque j’apprends l’histoire de ces infortunées ! Après cette cruelle persécution de 1839, l’ennemi le plus acharné de notre sainte Religion écrivit contre les chrétiens une foule de mensonges atroces, et les publia au nom du gouver-