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Pénitence et l’Extrême-Onction ; puis, le matin, je dis pour elle une messe votive de la sainte Vierge. Quoiqu’elle fût à toute extrémité, elle se fit laver, revêtir de ses habits de fête et porter dans l’oratoire, où elle reçut à genoux le saint Viatique.

« Elle fut à l’agonie pendant toute la journée, mais sans perdre connaissance une seule minute. Elle assura qu’ayant demandé à Dieu qu’il voulût bien lui conserver l’usage de ses facultés dans ses derniers moments pour mieux se préparer à la mort, elle avait été exaucée. Couchée ou assise, elle était toujours en prière. « Je n’éprouve, » disait-elle, « d’autre peine que celle de ne pouvoir assez remercier Dieu et la Sainte Vierge des bienfaits dont je suis comblée dans ce moment même. » Quelqu’un lui demanda ce qu’elle ferait tout d’abord, si la santé lui était rendue. « Je n’ai d’autre désir, » répondit-elle, « que celui d’être débarrassée de cette chair infirme pour aller vers notre Père céleste et lui rendre les actions de grâces que je lui dois. » Je lui dis un dernier adieu et j’ajoutai : « Après votre mort, je dirai une messe pour le repos de votre âme ; en retour ne m’oubliez pas devant Notre-Seigneur Jésus-Christ et son auguste Mère. » Elle me le promit avec un visage d’un calme et d’une sérénité incroyables. Elle était sur le point de rendre le dernier soupir lorsque les médecins lui firent diverses ponctions et cautérisations. « À quoi bon ces remèdes, » leur dit Barbe, « puisque je suis sur le point de mourir ? — Souffrez tout cela patiemment en mémoire des plaies sacrées de Notre Seigneur Jésus-Christ, » lui dirent les assistants. — « Bien, » répondit Barbe, « pour Notre Seigneur « je les supporterai volontiers, » et fixant ses regards sur le crucifix, elle laissa faire les médecins. Elle adressa ensuite aux personnes présentes quelques bonnes paroles, récita la Salutation angélique, s’approcha de la porte et, après y être restée quelques instants, un bras appuyé contre le seuil, elle s’affaissa sur elle-même et expira. Il était environ six heures du soir, le 23 septembre 1850. Elle n’avait que dix-huit ans.

« Je revins pour contempler encore les traits de cette jeune fille ; je n’oublierai jamais la beauté céleste répandue sur son visage. Elle n’avait été que quatre jours malade. Il y a déjà deux jours qu’elle est morte, et nous n’avons pas encore séché nos larmes ; pour ma part, depuis longues années, jamais je n’ai ressenti des sentiments de componction et d’amour divin aussi vifs que ceux que j’éprouve depuis la mort de Barbe. Bapta est ne malitia mutaret intellectum ejus, aut fictio deciperet ani-