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navires anglais qui, à la première nouvelle du naufrage, étaient accourus pour porter secours aux Français. Avant de quitter la Corée, M. Lapierre fit écrire aux ministres du roi une lettre, dans laquelle il demandait la liberté de religion pour les chrétiens. À sa lettre était jointe une copie de l’édit de l’empereur chinois Tao-Kouang en faveur de la religion chrétienne. Thomas T’soi voulait demeurer dans l’île de Ko-koun-san ; il demanda plusieurs fois cette grâce au commandant français ; mais celui-ci comprenant à quel péril imminent allait se trouver exposé le jeune Coréen, ne voulut pas consentir à le laisser seul. « Je quittai donc, » reprend Thomas, « je quittai avec beaucoup de larmes notre bien-aimée mission, dans laquelle je me croyais enfin entré après tant de fatigues, et je fus forcé de revenir à Chang-haï. Cependant nous n’avons pas encore perdu l’espérance, nous ne sommes pas découragés, nous comptons toujours sur la miséricorde de Dieu, et sur les ressources infinies de sa toute-puissante et aimable Providence. Oui, j’espérerai toujours, toujours j’aurai confiance au Seigneur entre les mains duquel je me suis abandonné tout entier pour travailler à sa gloire ! Voyez, Seigneur, voyez notre affliction, souvenez-vous de votre miséricorde ! détournez votre face de nos iniquités et jetez les yeux sur le cœur sacré de Jésus-Christ, sur la bienheureuse Vierge Marie, et exaucez la prière de vos saints, qui crient vers vous. »

Après le naufrage des navires français, le gouvernement coréen craignant de nouvelles visites de ces barbares étrangers, résolut de répondre à la lettre du commandant Cécile. Il envoya donc, par Péking, une dépêche qui fut remise à M. Lapierre à Macao, et, en même temps, une proclamation royale fit connaître cette pièce dans tout le royaume. Nous ignorons si la lettre à M. Lapierre était parfaitement semblable à celle qui fut ainsi publiée en Corée. Voici, en partie, le contenu de cette dernière : « L’an passé, des gens de l’île d’Or-ien-to, qui fait partie du royaume de Corée, nous remirent une lettre apportée, disaient-ils, par des navires étrangers. Nous fûmes tout étonnés à cette nouvelle, et ouvrant la lettre, nous reconnûmes qu’elle était adressée à nos ministres par un chef de votre royaume. Or, cette lettre disait : « Trois hommes vénérables de notre pays : Imbert, Maubant et Chastan ont été mis à mort par vous. Nous venons vous demander pourquoi vous les avez tués. Vous direz peut-être que votre loi défend aux étrangers d’entrer dans votre royaume, et que c’est pour avoir transgressé cette loi qu’ils ont été condamnés. Mais si des Chinois, des Japonais ou des Mandchoux viennent à entrer en