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passa le jour et la nuit suivante. À des questions analogues le diacre Thomas T’soi et les deux chrétiens chinois firent à peu près les mêmes réponses.

Le lendemain ils sortirent tous de prison, sous l’escorte de deux officiers mandchoux qui les conduisirent à une journée et demie de distance. « Ainsi, dit encore M. Maistre dans cette même lettre, je fut mis en liberté en exhibant mes titres d’Européen et de missionnaire ; ils eussent été naguère un sujet de condamnation ; mais je suis arrivé trop tard pour aspirer à la gloire du martyre. Me voici donc revenu au point de départ, méditant un nouveau moyen de pénétrer dans ce petit royaume de Corée, qui se ferme si obstinément à l’approche des apôtres qu’il redoute et qu’il devrait aimer. Il a beau faire : un jour il sera pris dans les filets de celui qui dispose tout avec douceur, et qui atteint son but avec une force irrésistible. Vous voyez que mon pèlerinage sera encore longtemps prolongé ; plusieurs fois j’ai demandé à Dieu de me retirer de ce monde, où je passe tant d’années inutiles ; mais désormais ma devise sera toujours : souffrir et non mourir. Et comme l’Apôtre des nations, j’ai la confiance qu’après avoir éprouvé tant d’obstacles, de fatigues et d’opprobres, il me sera donné d’annoncer hardiment l’Évangile de Jésus. Notre ministère, pour porter son fruit, a besoin d’être fécondé par l’épreuve ; et si je ne puis encore entrer dans ma mission, ce sera du moins une consolation pour moi de souffrir quelque chose pour elle. »

M. Maistre revient au Léao-tong parmi ses confrères. Une lettre de son ancien compagnon de voyage, M. Berneux, alors missionnaire en Mandchourie, nous apprend que lui et le diacre coréen Thomas passèrent l’année 1846 au collège de cette mission, faisant la classe aux quelques élèves qu’on venait d’y réunir. M. Maistre rendait par là un grand service aux chrétiens, car M. Venault, déchargé un instant du soin de ce collège, put visiter et administrer avec autant de succès que de zèle une partie de la province.

De son côté, Mgr Ferréol cherchait à ouvrir une autre voie de communication avec la Chine, pour l’introduction des missionnaires en Corée. Chaque année, au printemps, les barques chinoises viennent, en assez grand nombre, sur les côtes de la province de Hoang-hai, pour la pêche. L’évêque y envoya le P. André Kim, le chargeant de visiter les lieux, d’examiner s’il y avait moyen de tromper la surveillance des soldats et douaniers coréens, et de se mettre en rapport avec quelques pêcheurs chinois. Le P. André avait heureusement rempli cette mission, lorsque