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CHAPITRE III.

Troisième voyage d’André Kim. — Mgr Ferréol et M. Daveluy entrent en Corée.


À la fin de l’année 1844, Mgr Ferréol, fidèle au rendez-vous donné par le courrier François Kim, se mit en route pour la Corée. M. Maistre restait en Mongolie avec Thomas T’soi, et André accompagnait l’évêque. Ils arrivèrent à Pien-men, le 1er janvier 1845, au moment même où la légation coréenne franchissait la frontière pour passer en Chine. François Kim était dans la suite des ambassadeurs, et, la nuit suivante, il se rendit secrètement à l’auberge où l’évêque était descendu. En voyant ce généreux chrétien, le cœur de Mgr Ferréol tressaillit de joie ; il était à la porte de sa nouvelle patrie, de cette terre qui lui avait été promise, et dans laquelle il cherchait à pénétrer depuis si longtemps.

Hélas ! sa joie se changea bientôt en tristesse, lorsque François lui eut déclaré que son entrée était impossible pour le moment. Sur sept chrétiens partis de la capitale et parvenus sans obstacles à Ei-tsiou, douane la plus voisine de la Chine, trois seulement avaient pu la franchir ; les autres, objets de graves soupçons, entourés partout de soldats qui les accablaient de questions insidieuses et pressantes, s’étaient hâtés de regagner l’intérieur, emmenant les chevaux et les habits qui devaient servir à l’évêque. Depuis la persécution, le gouvernement coréen, ayant su que les missionnaires étaient entrés par Pien-men, avait redoublé de surveillance sur ce point. Tous ceux qui étaient attachés à l’ambassade, ou qui la suivaient en qualité de marchands, devaient recevoir pour passe-port, à Ei-tsiou, une petite planche de trois pouces de long et d’un pouce de large, sur laquelle étaient écrits le nom du voyageur et celui de son pays avec le sceau du mandarin au bas. Ce passeport n’était délivré qu’après des interrogations très-embarrassantes, et, au retour de Chine, il fallait le remettre au chef de douane de qui on l’avait reçu. Des postes de soldats étaient échelonnés sur une longue étendue de la frontière, et le signalement des trois Français mis à mort en 1839 avait été donné partout. Toutes ces précautions prises par le gouvernement coréen afin d’empêcher les étrangers de pénétrer dans