Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous offre à chaque instant un nouvel hymne d’amour et de reconnaissance ! C’est donc à présent que je vais commencer à être missionnaire ! »

Tels étaient les nouveaux pasteurs que Dieu avait préparés pour ses fidèles de Corée.

Mgr Ferréol fut sacré évêque par Mgr Verrolles, vicaire apostolique de la Mandchourie, à Kay-tcheou, le 31 décembre 1843. De cette ville, il se rendit à Moukden pour y attendre le passage de l’ambassade coréenne. François Kim, le courageux chrétien qui avait succédé à Augustin Nion dans le rôle périlleux de courrier de la mission, avait promis de venir de nouveau comme marchand à la suite des ambassadeurs. Il arriva en effet, le soir du 24 janvier 1844, et pendant la nuit, vint secrètement saluer son évêque dans la maison qui lui donnait asile. Les nouvelles étaient mauvaises ; la persécution, bien qu’assoupie depuis quelque temps, menaçait toujours les chrétiens. Le cruel Tsio, régent du royaume, avait envoyé dans les provinces méridionales un gouverneur très-hostile à la religion, et on craignait une nouvelle tempête. Pour le moment, il n’était pas possible d’introduire un missionnaire. Si la paix n’était pas troublée, on pourrait peut-être le faire à la onzième lune de l’année suivante, c’est-à-dire au commencement de 1845. Forcé de reprendre avec M. Maistre le chemin de la Mongolie, Mgr Ferréol envoya André Kim faire une nouvelle tentative au nord-est de la Corée. À l’embouchure du Mi-kiang, près de la mer du Japon, se trouve sur la frontière de la Corée un bourg tartare nommé Houng-tchoung, et chaque seconde année, une foire considérable y réunit pendant quelques heures le peuple des deux pays limitrophes. Il avait été convenu l’année précédente que des chrétiens coréens s’y rendraient pour explorer le passage. André partit, accompagné d’un chrétien chinois, afin de s’aboucher avec eux et d’étudier cette route. Voici, traduit du chinois, le compte rendu de son voyage, tel qu’il l’écrivit lui-même à son évêque.

« Monseigneur, après avoir reçu la bénédiction de Votre Grandeur et pris congé d’Elle, nous nous assîmes sur notre traîneau, et, glissant rapidement sur la neige, nous arrivâmes en peu d’heures à Kouan-tcheng-tse. Nous y passâmes la nuit. Le second jour, nous franchissions la barrière de pieux, et nous entrions en Mandchourie. Les campagnes toutes couvertes de neige, et ne présentant partout que la monotonie de leur blancheur uniforme, offraient cependant à nos yeux un spectacle intéressant par la multitude des traîneaux qui, pour se rendre d’une habitation à