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M. Maistre l’accompagna, avec la mission de pénétrer lui-même en Corée dès que l’occasion se présenterait.

M. Ambroise Maistre était né en Entremont, au diocèse d’Annecy, le 19 septembre 1808. À l’âge de trente et un ans, après avoir exercé le saint ministère pendant quelques années, il résolut de se dévouer au salut des infidèles, et fut reçu au séminaire des Missions-Étrangères. Il quitta la France, le 8 janvier 1840, avec un autre prêtre nommé Siméon Berneux. Ce dernier que la Providence destinait à devenir, après une longue et glorieuse carrière, vicaire apostolique de Corée et martyr, était envoyé dans la mission de Tong-king. M. Maistre n’avait pas encore de destination définitive ; le procureur des missions devait lui en donner une, d’après les circonstances. Les deux missionnaires étant arrivés à Macao, le 8 janvier 1840, M. Berneux partit peu après pour le Tong-king, et son compagnon resta à la maison de procure, occupé à aider le supérieur de cet établissement dans les soins assidus que réclament la correspondance avec l’Europe et les missions, l’envoi des aumônes et objets divers nécessaires aux missionnaires, enfin l’introduction si difficile de nouveaux prêtres dans les pays persécutés. M. Maistre était, de plus, à peu près seul chargé de l’éducation des élèves coréens et chinois qui se trouvaient à la procure. Nous avons vu plus haut que, des trois jeunes gens envoyés par M. Maubant en 1836, l’un, nommé François-Xavier Tseng, était mort quinze mois après son arrivée à Macao. Les deux survivants étaient André Kim et Thomas T’soi.

M. Maistre s’embarqua donc avec André sur l’Érigone, en février 1842, et quelques mois plus tard, Thomas, à son tour, accompagnait sur la Favorite un autre missionnaire : M. de la Brunière, destiné à la Tartarie. Thomas devait aller rejoindre M. Ferréol.

Le 27 juin, l’Érigone mouillait à l’embouchure du fleuve Bleu ; la Favorite vint l’y rejoindre le 23 août. La guerre touchait à sa fin ; la prise de Nang-king et l’occupation des îles Chusan avaient décidé les Chinois à conclure la paix avec les Anglais. Par le traité du 29 août, l’empereur leur céda la propriété de l’île de Hong-kong, une indemnité de vingt-un millions de piastres pour les frais de la guerre, le libre accès et séjour dans six ports différents, etc. Les commandants français ne voulurent pas s’avancer plus au nord, et l’expédition de Corée fut ajournée indéfiniment.

Dans ces conjonctures, les deux missionnaires qui s’étaient ren-