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religion des calomnies habituelles des païens. Il fut expédié ensuite à la capitale, où le juge criminel lui ordonna d’indiquer la retraite de Philippe T’soi. Il répondit ne pas la connaître et fut, en conséquence, mis à la question. Six interrogatoires, accompagnés de supplices atroces, n’ébranlèrent pas son courage, et sur l’ordre du juge, on le laissa en prison.

Peu de jours après l’arrestation de François Kouen, les satellites ayant cerné une maison qu’on leur avait désignée comme suspecte, y rencontrèrent un homme qui n’était pas de la famille, et lui demandèrent son nom. « Je m’appelle T’soi. — Ton nom de baptême ne serait-il pas Philippe ? — Oui, » répondit le chrétien. Aussitôt, poussant des cris d’une joie féroce, les satellites le lient, ainsi que ses hôtes, et le conduisent au juge criminel. Celui-ci, enchanté d’une telle capture, lui dit avec un sourire ironique : « Tu es un rusé compère de nous avoir ainsi échappé pendant trois ans, mais, à la fin, nous avons été plus rusés que toi, et te voilà pris. Maintenant, commence par renier ton Dieu. — Non, jamais, » répondit Philippe. Le juge ordonna de lui infliger une forte bastonnade, et les bourreaux obéirent avec allégresse. Puis il ajouta : « Non content de suivre cette infâme religion, tu as corrompu un nombre infini de personnes. Tu as souvent reçu les prêtres étrangers dans ta maison ; ils t’ont remis beaucoup d’objets en dépôt. Ta faute est dix fois plus grave que celle des autres. La mort t’est due à bien des titres, et tu peux être sûr de ne pas y échapper. » On passa alors au cou de Philippe une lourde cangue, et il fut conduit à la prison. Pendant quatre mois, il n’eut pas d’autre interrogatoire à subir ; mais on ne saurait raconter toutes les vexations qu’il eut à souffrir de la part des geôliers et des satellites. Son admirable patience ne se démentit pas un seul instant ; il n’ouvrait la bouche que pour instruire et encourager ses compagnons de captivité. Après quatre mois, cité de nouveau devant le juge qui le somma d’apostasier, Philippe, toujours ferme, fut torturé et flagellé avec plus de violence que jamais, puis renvoyé à la prison.

Parmi les chrétiens arrêtés en même temps que lui, nous citerons Jacques Ni et sa tante Anastasie Tsiang. Jacques Ni Koun-kiem-i était d’une famille noble du village de Mat-meri, au district de In-t’sien, et avait toujours montré beaucoup d’exactitude à remplir tous ses devoirs. Quand les satellites entrèrent chez lui pour chercher Philippe T’soi, il ne fit paraître aucune frayeur, leur servit du riz et en mangea lui-même avec calme. Il se montra inébranlable devant les juges et dans les supplices.