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et compléter les actes de tous ceux qui en Corée avaient souffert pour la foi, faisant de cette occupation même une préparation à la mort, car il n’ignorait pas les poursuites dont il était l’objet.

Ces poursuites furent poussées avec tant de vigueur, que pendant la deuxième lune de 1841, on arrêta et mit à la question plusieurs chrétiens soupçonnés de connaître le lieu de sa retraite. Le premier qui fut saisi pour ce motif, était André He Tai-pok-i, homme d’un caractère droit, doux et dévoué. Il avait dans sa jeunesse oublié ses devoirs, et pris une concubine ; mais converti par les exhortations de quelques chrétiens fervents, il eut le courage de rompre ce commerce illicite, et de faire une longue et sincère pénitence de ses égarements. Pour mieux reconnaître la grâce que Dieu lui avait accordée, il se dévoua au salut du prochain, exerça son zèle envers beaucoup de chrétiens tièdes, et convertit nombre de païens. Pendant la persécution, il ne cessa, malgré le danger, de visiter les prisonniers, de courir pour leur service de côté et d’autre, le jour et la nuit, par le froid et la pluie. Mais son œuvre de prédilection était d’enterrer les martyrs ; et l’on parle encore de la sagacité, du sang-froid, de l’intrépidité qu’il déployait en ces occasions. Dénoncé à la deuxième lune de 1841, comme complice et ami de Philippe T’soi, il supporta les tortures sans rien déclarer. Le juge, voyant que sa résolution était inébranlable, ordonna de le laisser en prison jusqu’à nouvel ordre.

François Kouen Sieng-ie, frère aîné du martyr Pierre Kouen, signalé aussi comme devant connaître le lieu de la retraite de Philippe, fut saisi à la même époque. Né de parents chrétiens qu’il eut le malheur de perdre dès son enfance, François avait été élevé au milieu des païens et, pendant de longues années, ne connut le christianisme que de nom. La Providence lui ayant fait enfin rencontrer quelques néophytes, il s’instruisit, fit instruire toute sa famille et devint un modèle de ferveur. Les missionnaires l’employèrent souvent pour les différentes affaires de la mission. Dès 1837, il émigra dans la province de Kang-ouen pour fuir la persécution qui menaçait, et en 1839, lors de l’arrestation de son frère, il eut beaucoup de peine à échapper aux recherches des satellites. Établi en pays païen, il se croyait à l’abri de tout danger, lorsque, trahi par un mauvais chrétien qui connaissait sa demeure, il fut pris à l’improviste, dans le district de T’siong-tsiou, à la fin de la troisième lune intercalaire de 1841. Conduit d’abord à cette ville et interrogé sur sa foi par le mandarin, il lui exposa les principales vérités catholiques, et vengea victorieusement la