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ses exercices de piété. Enfin, après neuf mois de prison, il rendit paisiblement son âme à Dieu, le 5 de la cinquième lune, à l’âge de cinquante et un ans.


Quoique la persécution eût officiellement cessé depuis l’année précédente, nous rencontrons, en 1841, plusieurs nouveaux martyrs, car la paix, pour les chrétiens de cet infortuné pays, n’est jamais ni complète ni de longue durée.

Il y avait au village de Koui-san, district de Koang-tsiou, une famille du nom de Kim, composée de trois frères qui jouissaient d’une certaine aisance, et dont la droiture et la générosité avaient attiré l’estime universelle. Quand ils entendirent parler de la religion chrétienne, deux d’entre eux l’embrassèrent de suite, et bientôt, la grâce poursuivant son ouvrage, non-seulement le troisième frère, mais plusieurs de leurs parents, amis et voisins, se joignirent à eux, en sorte que ce petit village devint une fervente chrétienté. À l’arrivée du P. Pacifique, Antoine, l’aîné des trois, vint s’établir dans la capitale, pour être plus à portée de recevoir les sacrements. Il fit même dans sa maison un petit oratoire, où plus tard il reçut M. Maubant pendant tout un été. En 1839, les frères Kim ayant été dénoncés, Antoine, averti à temps, alla se cacher en province, mais ses frères restés à Koui-san, et un de leurs cousins, tombèrent entre les mains des satellites. Après plusieurs interrogatoires présidés par des mandarins subalternes, ils furent conduits devant le juge du district. Augustin Kim Tek-sim-i, le second des frères, celui-là même qui, arrêté par les idées du monde, avait tardé d’abord à embrasser la religion, développa en plein tribunal les principales vérités de la doctrine chrétienne, et fut mis à la question, qu’il supporta avec beaucoup de courage. Plusieurs interrogatoires successifs, toujours accompagnés de supplices, ne purent ébranler aucun des trois confesseurs, et tous les moyens de persuasion ayant également échoué, on les déposa à la prison de Koang-tsiou, où ils furent à peu près oubliés. L’année suivante, après la persécution, les enfants d’Augustin eurent permission de communiquer avec lui ; ils espéraient même le faire délivrer, mais les jours se passaient sans amener aucun changement. Augustin fatigué des souffrances de la prison, obsédé de tentations de découragement, gémissait de ne pouvoir obtenir ni le martyre, ni la liberté. Il en tomba malade, et après quelques semaines d’agonie, mourut dans sa prison, le 28 de la première lune de 1841, dans les plus vifs sentiments de contrition et de charité. Il était âgé de quarante-trois ans, et avait été prisonnier plus de vingt mois.