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voulez aussi les abandonner. Cessez d’être leurs mères pour devenir leurs juges. Leur sort est entre vos mains ; ils vivront si vous continuez d’en prendre un charitable soin. Au contraire, ils mourront infailliblement si vous les abandonnez. » De même, le Père commun des fidèles sollicite notre Société de devenir la mère et l’appui de ces fervents et malheureux néophytes, depuis que leur mère l’Église de Péking, sans les avoir abandonnés, se trouve dans l’impossibilité absolue de leur donner du secours ; leur destinée est en quelque sorte entre vos mains. Si vous acceptez l’offre que vous fait la Sacrée Congrégation, cette chrétienté intéressante existera, et de là peut-être la foi s’étendra dans les provinces immenses de la Tartarie. Son voisinage avec le Japon, le commerce que ces deux nations font ensemble, la conformité de mœurs et de caractère, tout semble promettre que les chrétiens coréens seront l’appui et les nouveaux apôtres des infortunés Japonais et des habitants des îles de Yesso, etc., etc. Si, au contraire, vous renoncez à cette mission, ces malheureux néophytes désespérés, sans secours, sans consolation, pourront perdre courage et retomber dans leurs anciennes superstitions, et l’espoir d’étendre le royaume de Jésus-Christ dans ces contrées éloignées sera perdu pour toujours !

« Je suis, messieurs et très-chers confrères, votre très-humble et très-respectueux serviteur.

« Bruguière, miss. ap.

« Bang-kok, 19 mai 1829. »


M. Bruguière avait donc fait plus que de plaider la cause des Coréens, il s’était offert lui-même au Vicaire de Jésus-Christ pour être envoyé dans cette mission périlleuse. Il eut cependant quelque scrupule de s’être si fort avancé, et il écrivit au Saint-Père une seconde lettre dans laquelle il disait : « Je suis dans les mêmes dispositions par rapport à la mission de Corée ; mais il est des désirs qui ne sont pas toujours inspirés par le Saint-Esprit ; il est une voie qui semble droite à l’homme, et qui néanmoins conduit à la mort. Vous êtes constitué le vicaire de celui qui a dit : Allez, enseignez toutes les nations, je conjure donc Votre Sainteté d’examiner ma vocation ; si Elle l’approuve, qu’Elle me commande de partir. En attendant la déclaration de ses intentions, je m’efforcerai de remplir ma tâche dans la mission où je me trouve, comme si je devais y rester toujours, et