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tyre de Madeleine Han ; — Madeleine Son, femme de Pierre T’soi, dont la vie a été racontée avec celle de son mari ; — Marie Ni, vierge, fille de Barbe Tsio, que nous avons fait connaître, en parlant de sa mère ; — et enfin Marie Ni, femme du généreux confesseur François T’soi, sur laquelle nous avons donné quelques détails lors de son arrestation. Après avoir renvoyé tous ses enfants, dont la présence lui déchirait le cœur, Marie tint ferme jusqu’à la fin. Elle se rendit avec joie au lieu du supplice, et lava de son sang la chute déplorable à laquelle l’avait entraînée l’amour maternel. Elle était âgée de trente-neuf ans. Cette grande exécution eut lieu le 27 de la douzième lune, 31 janvier 1840, à quelque distance de la capitale, en un endroit nommé Tang-ko-kai.

Dès le lendemain, au même endroit, une autre exécution solennelle vint clore les boucheries de cette terrible année. Il n’y eut cette fois que trois victimes, mais, nous pouvons le dire, trois victimes choisies, et qui sont restées en grande vénération parmi leurs frères. C’était d’abord Paul Hong, frère de Pierre, martyrisé la veille. On avait retardé son supplice de vingt-quatre heures, parce que la loi coréenne défend de faire périr ensemble les deux frères, ou le père et le fils. Paul avait trente-neuf ans. Puis, Barbe T’soi, femme de Charles Tsio et fille de Pierre T’soi, martyrisé le 24 de la onzième lune. Nous l’avons fait connaître en racontant le martyre de son père. Elle n’avait que vingt-deux ans. Enfin le catéchiste Jean Ni, dont nous avons déjà parlé. Quelques jours avant de mourir, le 22 de la douzième lune, Jean écrivit à ses parents une longue lettre, dont nous allons citer ici la plus grande partie. Mieux que toute explication, mieux que tout récit, cette lettre, ainsi que celles des autres martyrs qu’on a pu lire à diverses pages de cette histoire, fera toucher du doigt l’effet prodigieux de la grâce divine dans les cœurs des pauvres néophytes coréens. Après avoir donné sur son arrestation, ses premiers interrogatoires et son séjour dans la prison, les détails que nous avons reproduits, le confesseur continue ainsi :

« Je fus transféré à la prison du tribunal des crimes. J’y rencontrai une dizaine de chrétiens, hommes et femmes, tous mes amis intimes, détenus pour y recevoir leur sentence de mort. Quelle joie, quel bonheur de nous retrouver ensemble comme frères et sœurs, et comment remercier assez Dieu d’un pareil bienfait ! Deux ou trois mois se passèrent sans que le juge tint aucune séance, j’en étais triste et inquiet. Les péchés de toute une vie, pendant laquelle j’ai si souvent offensé Dieu par pure méchanceté, formant par leur nombre comme un amas de mon-