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gouvernement voulait en finir avec les chrétiens. Beaucoup avaient été étranglés, mais on crut expédient de terminer la persécution d’une manière éclatante, et on décréta coup sur coup deux exécutions publiques.

La première procura la palme à sept confesseurs. À leur tête, nous voyons le catéchiste Augustin Pak I-sien-i, dont nous avons plus haut raconté l’histoire. Il fut décapité à l’âge de quarante-huit ans. Il était accompagné de Pierre Hong, que nous devons maintenant faire connaître, ainsi que son frère Paul. Ces deux frères étaient d’une famille très-distinguée, petits-fils de Hong Nak-min-i, martyr en 1801, et neveux de Protais Hong, décapité à Tien-tsiou, un mois auparavant. Leur père, après les désastres de 1801, avait été s’établir à Ie-sa-ol, district de Siei-san, dans la plaine du Naipo. La foi chrétienne et une instruction solide furent le seul héritage qu’il laissa à ses enfants. Ils en profitèrent admirablement et firent honneur à la religion par leurs vertus. Établis catéchistes tous les deux, ils se firent remarquer par leur zèle et par les soins assidus qu’ils donnaient aux chrétiens. Leur temps se partageait entre les instructions, les exhortations, le soin des malades et autres bonnes œuvres ; aussi les missionnaires, frappés de leur aptitude et de leur dévouement, leur confièrent-ils plusieurs fois des affaires très-importantes. Ils donnèrent quelque temps asile à un des missionnaires pendant la persécution de 1839, et persuadés que cette hospitalité courageuse leur coûterait la vie, ils se préparaient de tout leur cœur au martyre. En effet, Kim le-saing-i les mit sur sa liste de proscription, au nombre des chrétiens influents qu’il fallait arrêter à tout prix. À la huitième lune, ils furent saisis et conduits à la capitale devant le grand juge criminel. La question fut des plus violentes, mais les deux frères la supportèrent en vrais fils de martyrs et furent transférés au tribunal des crimes. Le ministre renvoya la cause à son assesseur, en lui ordonnant de faire son possible pour obtenir leur apostasie, sans toutefois les condamner à mort. D’après ces ordres, on mit tout en œuvre, et les plus affreuses tortures furent infligées aux deux frères. En outre, tous les employés de la prison, pour s’en faire un mérite auprès du ministre, ne leur épargnèrent ni tourments ni vexations, dans l’espoir de les ébranler. Mais tout fut inutile. À la fin, on dut prononcer leur sentence, et l’aîné, Pierre Hong, fut décapité avec Augustin Pak. Il était âgé de quarante-deux ans. Son frère devait le suivre le lendemain.

Les autres victimes étaient cinq femmes : Agathe Kouen et Agathe Ni, dont nous avons rapporté l’histoire, à propos du mar-