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Tsio répondit de suite : « S’il y a des raisons de nous livrer, faisons-le, pour suivre les pas de Notre Seigneur Jésus et de notre pasteur. » Elles n’eurent pas l’occasion de s’offrir elles-mêmes aux persécuteurs. Les satellites vinrent fondre sur la maison, et emmenèrent ensemble les cinq amies. Conduites au grand juge criminel, elles supportèrent courageusement les coups et les tortures. Trois mois après, épuisées des suites de leurs supplices, auxquels vinrent se joindre la peste et d’autres maladies, Catherine Ni, veuve, âgée de cinquante-sept ans, sa fille Madeleine Tsio, vierge, âgée de trente-trois ans, et Barbe Tsio, âgée de cinquante-sept ans, moururent toutes les trois dans la même prison, et allèrent les premières recevoir la couronne. Les deux filles de Barbe Tsio étaient réservées à de plus longues épreuves. Elles souffrirent horriblement de la faim et de la soif. On les transféra au tribunal des crimes, où de nouvelles tortures furent en vain mises en jeu pour vaincre leur constance ; à la fin, on les condamna à mort. Madeleine Ni, âgée de vingt-sept ans, fut décapitée le 24 de la onzième lune, après sept mois de captivité ; Marie Ni, âgée de vingt-deux ans, eut le même honneur un mois plus tard, le 27 de la douzième lune ; toutes deux se présentèrent au divin Époux avec la double gloire de la virginité et du martyre.


Transportons-nous un instant à Ouen-tsiou, capitale de la province de Kang-ouen, pour y être témoins de nouveaux triomphes. Nous avons vu que, dès la première lune de cette année on avait arrêté, au village de Sie-tsi, un courageux chrétien nommé Jean T’soi Iang-pok-i. Sa famille était originaire de Tarai-kol, au district de Hong-tsiou, et il était cousin éloigné de François T’soi dont nous avons raconté plus haut les souffrances et la mort. Son grand-père ayant été exilé en 1801, tous ses enfants quittèrent leur pays pour aller s’établir auprès de lui, et Jean naquit en ce lieu d’exil. Sous l’influence d’une éducation chrétienne, son caractère devint doux et droit. Plus tard, afin de pratiquer plus librement la religion, il émigra avec sa famille dans les montagnes, au village de Sie-tsi, où il vivait très-pauvrement, vaquant surtout au soin de son âme, et malgré la modicité de ses ressources, ne manquant jamais de faire l’aumône à ceux qui étaient plus pauvres que lui. Il exhortait souvent les chrétiens, et fortifiait leur foi en leur parlant du bonheur de donner sa vie pour Dieu. Lui-même désirait vivement obtenir le martyre ; l’occasion s’en présenta à la première lune de 1839. Comme il était d’une force herculéenne, on avait envoyé pour le prendre des