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ad palmam iter, pro Christo mortem appeto. (Il n’est pour moi qu’un chemin vers la palme, je désire la mort pour le Christ.) Si nous avons le bonheur d’obtenir cette belle palme, quæ dicitur suavis ad gustum, umbrosa ad requiem, honorabilis ad triumphum (que l’on dit suave au goût, ombreuse pour le repos, honorable pour le triomphe) ; rendez-en pour nous mille actions de grâces à la divine bonté, et ne manquez pas d’envoyer au secours de nos pauvres néophytes, qui vont de nouveau se trouver orphelins. Pour encourager nos chers confrères, qui seront destinés à venir nous remplacer, nous avons l’honneur de leur annoncer que le premier ministre Ni, actuellement grand persécuteur, a fait faire trois grands sabres pour couper des têtes. Si quelque chose pouvait diminuer la joie que nous éprouvons à ce moment du départ, ce serait de quitter ces fervents néophytes que nous avons eu le bonheur d’administrer pendant trois ans, et qui nous aiment comme les Galates aimaient saint Paul. Mais nous allons à une trop grande fête, pour qu’il soit permis de laisser entrer dans nos cœurs des sentiments de tristesse. Nous avons l’honneur de recommander ces chers néophytes à votre ardente charité.

« Agréez nos humbles adieux, etc., etc…

« Jacques-Honoré Chastan, — Pierre-Philippe Maubant. »


Après avoir ainsi tout disposé, les généreux missionnaires, sachant que les satellites les attendaient à environ dix lys de là, se pressèrent d’aller les rejoindre. Leurs cœurs débordaient d’une joie céleste. Bientôt on arriva à la ville de Hong-tsiou, où ils furent enchaînés. Puis, on les conduisit à cheval, à la capitale ; là, ils furent remis entre les mains du grand juge criminel, et réunis à leur évêque. Quelle satisfaction pour ces cœurs de prêtres et d’apôtres, de se trouver ensemble dans les fers pour le nom de Jésus-Christ ! Le lendemain, le grand juge criminel, déployant un appareil formidable, traduisit à sa barre les trois Européens et leur dit : « Qui vous a logés ? D’où est venu l’argent que vous avez ? Qui vous a envoyés ? Qui vous a appelés ? » Ils répondirent « C’est Paul Tieng qui nous a logés. L’argent à notre usage, nous l’avons apporté avec nous. Nous avons été envoyés par le souverain Pontife, chef de l’Église, et les Coréens nous ayant appelés pour secourir leurs âmes, nous sommes venus ici. » Sur ces réponses, on leur donna une rude bastonnade, et pendant trois jours, on renouvela les interrogatoires et aussi les supplices, dont, malheureusement, les détails ne nous sont pas connus. On sait