Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/184

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

satellites les saisirent, mais sans les lier, et continuant leur comédie, ils déclarèrent que le gouvernement cherchait les deux prêtres uniquement pour la grande cérémonie de la réception officielle de l’Évangile dans le royaume, qu’en conséquence il fallait indiquer leur retraite et les y conduire. Thomas Ni et Pierre Tseng ne furent pas dupes, mais pensant avec raison qu’abonder dans le sens de ces brigands était, pour le moment, la seule chance d’évasion, ils firent semblant d’ajouter foi à toutes leurs paroles et dirent qu’ils ignoraient dans quel lieu les prêtres s’étaient retirés, qu’il leur faudrait aller de côté et d’autre aux informations, et qu’avec des recherches et du temps ils parviendraient probablement à les trouver. Sur ce, la nuit se passa très-paisiblement. Dès le matin, on donna congé à André et à Pierre Ko qui avait été arrêté aussi dans cette maison, sous prétexte qu’il était inutile de faire voyager tant de personnes ; et comme on devait soi-disant se trouver bientôt réunis dans la pratique de la religion, on se quitta les meilleurs amis du monde.

Arrivé près d’un village, Thomas dit aux satellites que là, peut-être, on pourrait avoir quelques nouvelles, mais qu’il voulait aller seul, pour ne pas donner de soupçons aux chrétiens, et les faire parler franchement. Après quelques débats, ses raisons parurent si évidentes qu’on le laissa partir seul ; Pierre fut gardé comme caution.

Thomas, à peine libre, s’esquiva et reprit la route du village où il avait laissé le missionnaire. En chemin, il rencontra André T’sieng, et les deux ensemble vinrent raconter ce qui s’était passé. « La première conséquence, écrit M. Maubant, que je tirai des belles paroles des satellites fut qu’il fallait nous cacher immédiatement. Je recommandai fortement et doucement à la fois à André T’sieng de ne plus croire désormais aux promesses des satellites et même des chrétiens qui se trouveraient avec eux, pour ce qui concerne la publicité de la religion chrétienne, de ne se fier à personne, à moins que ce ne fût un de nos serviteurs muni d’une pièce authentique, et je lui conseillai en attendant d’aller se cacher où il pourrait. Il obéit. Nous partîmes, M. Chastan et moi, pour chercher un refuge dans les provinces méridionales. Le vendredi, 23 août, au matin, un chrétien de Kin-la-to nous rencontra à Tarai-kol, et nous dit qu’il avait trouvé une retraite sûre. Le soir même, M. Chastan partit avec lui, et il fut convenu que le même guide reviendrait me chercher aussitôt que possible. »

Pendant trois jours, les satellites attendirent impatiemment le