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n’était qu’un pauvre paysan menant une vie obscure, sans amis, sans connaissances, et peu répandu parmi les chrétiens qui savent à peine son nom. Mais ses Ioniques souffrances, sa mort, et les suites de cette mort, montrent combien il était grand aux yeux de Dieu.

Comme il fallait débarrasser les prisons encombrées, que l’apostasie ne vidait pas assez vite au gré des gouvernants, un nouvel arrêt de mort fut lancé contre six des généreux confesseurs de la foi. À leur tête nous voyons Jean Pak Mieng-koang-i, fils d’un des martyrs de 1801. Jean vivait pauvrement avec sa mère qui faisait le métier de porteuse d’eau ; lui-même tressait des souliers de paille et de chanvre, et soutenait ainsi sa femme et ses enfants. Il se faisait remarquer par une grande droiture, et par la pratique fervente de tous ses devoirs de chrétien. Pris à la quatrième lune de cette année, et mis plusieurs fois à la question, il ne donna jamais aucun signe de faiblesse. Dans la prison, il ne cessait d’exhorter les autres chrétiens prisonniers, et même les voleurs. Au tribunal des crimes, il supporta de nouvelles tortures avec la même fermeté inébranlable, et mérita enfin la glorieuse couronne du martyre, à l’âge de quarante et un ans. Venaient ensuite : — Marie Pak, sœur aînée de la martyre Lucie Pak dont nous avons parlé. Les deux sœurs vivaient ensemble et furent prises ensemble. Elles partagèrent les mêmes supplices, et la mort ne les sépara que pour quelques jours. Marie avait cinquante-quatre ans. — Barbe Kouen, âgée de quarante-six ans, femme d’Augustin Ni, martyr. Elle sut contenir sa tendresse maternelle, à la vue de ses enfants prisonniers et torturés sous ses yeux, et ne faiblit pas un seul instant. — Barbe Ni, veuve, âgée de quarante et un ans, sœur aînée de Madeleine Ni de Pong-t’sien dont nous avons raconté le martyre. — Marie Ni, femme de Damien Nam, si violemment éprouvée par la vue des supplices de son jeune fils, et aussi par les tortures atroces qu’elle endura avec une admirable résignation. Elle mourut à l’âge de trente-six ans. — Enfin Agnès Kim, vierge, sœur cadette de l’illustre martyre Colombe Kim, complétait le nombre des six. Outre les terribles épreuves dont nous avons parlé, elle eut encore d’autres assauts à soutenir, mais son caractère doux et humble se trouva plus fort que les supplices et que la mort ; elle cueillit la palme à l’âge de vingt-cinq ans. — Ces six confesseurs furent conduits en dehors de la petite porte de l’Ouest, au lieu ordinaire des exécutions, et décapités le 26 de la septième lune, 4 septembre 1839.