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qu’il leur resterait à obtenir l’assentiment des autres membres de la Société, vicaires apostoliques et missionnaires, attendu que d’après le règlement, à moins d’un ordre du Saint-Siège, on ne pouvait accepter une nouvelle mission que d’un commun consentement.

La Sacrée Congrégation, dans une lettre du 17 novembre de la même année, loua le zèle et la prudence des Directeurs, leur témoigna la joie qu’elle éprouvait en voyant qu’aucun obstacle insurmontable ne s’opposait à l’exécution du projet relatif à la Corée, et, pour faciliter l’établissement de la mission, s’offrit à en supporter les premières dépenses. Les directeurs du séminaire écrivirent donc dans les diverses missions pour faire connaître le désir de la Sacrée Congrégation. Dans le cours des deux années suivantes, arrivèrent les réponses de la plupart des vicaires apostoliques et des missionnaires. Ces dignes ouvriers de l’Évangile, au cœur véritablement apostolique, semblaient oublier un instant les immenses besoins de leurs propres églises, pour ne songer qu’à cette pauvre chrétienté plus infortunée encore, et consentaient avec joie à la proposition du Saint-Siège. Toutes les difficultés cependant n’étaient pas levées. Restait à choisir les missionnaires capables de faire réussir une telle entreprise, à leur assurer pour l’avenir des ressources suffisantes ; restait surtout à trouver une voie pour les faire pénétrer en Corée. C’était là le point le plus difficile. Les directeurs du séminaire hésitaient. Avant de transmettre à la Sacrée Congrégation une acceptation définitive, ils écrivirent de nouveau dans les missions pour demander de plus amples renseignements, et les choses menaçaient de traîner en longueur, lorsque la courageuse initiative prise par M. Bruguière vint en hâter la solution. Il était alors dans la mission de Siam, sur le point d’être sacré coadjuteur. Il ne se contenta pas d’écrire au séminaire des Missions-Étrangères pour appuyer de toutes ses forces l’acceptation de la mission de Corée, il s’adressa directement au Souverain Pontife pour s’offrir lui-même à faire la première tentative.

Disons ici quelques mots de ce saint missionnaire qui fut le premier Vicaire apostolique de la Corée, et qui, par son zèle, sa fermeté et sa patience dans les épreuves, a si bien mérité de cette mission, quoiqu’il ne lui ait pas été donné d’y pénétrer jamais.

M. Barthélémy Bruguière naquit à Reissac, près de Narbonne, pendant la Révolution, en l’année 1793. Ses parents étaient des cultivateurs propriétaires, et jouissaient d’une certaine aisance. Il commença ses études à Narbonne, et vint plus tard les terminer