Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Après plusieurs séances, qui se succédèrent jusqu’au 30 avril, quarante chrétiens furent condamnés à mort, et leur jugement présenté aussitôt à l’approbation du conseil royal. Ce nombre épouvanta le ministre et surtout la régente. Ils avaient pensé que les confesseurs apostasieraient pour sauver leur vie ; trompés dans cet espoir, ils ne savaient plus quel parti prendre ; « car, disaient-ils, les mettre à mort, c’est accéder à leurs désirs. » Il fut donc décidé qu’on recommencerait les tortures, et qu’on renverrait chez eux ceux qui survivraient à cette seconde épreuve.

« D’après cet ordre, les bourreaux se remirent à l’œuvre, et s’acharnèrent principalement sur ceux d’entre les chrétiens qui, dans les précédents interrogatoires, n’avaient souffert que des supplices légers. Six personnes comparurent à la première séance. Augustin Ni fut le plus maltraité, il eut les jambes rompues à coups de bâton. Une femme eut le malheur d’apostasier au milieu des tortures ; condamnée à recevoir trente coups sur les épaules, elle faiblit au vingt-septième. Plus tard elle répara son crime en confessant l’Évangile avec une généreuse intrépidité.

« Le juge, voyant l’inutilité des supplices, et d’ailleurs lassé lui-même de torturer ainsi chaque jour des innocents, déchaîna contre eux les prisonniers païens, avec ordre de molester sans relâche nos martyrs, et de les accabler incessamment d’injures et de coups. Ce moyen lui réussit. Jacques T’soi, sa femme, sa fille âgée de quatorze ans, et quelques autres néophytes apostasièrent. Hélas ! encore quelques jours de patience, et ils seraient certainement entrés en possession de l’éternel bonheur ! On les relâcha immédiatement. Le ministre président du tribunal, apprenant que les satellites avaient pris et dilapidé leurs maisons, voulut que l’on rendît le tout, non-seulement à ceux qu’il venait de délivrer, mais même aux apostats de janvier. Ces restitutions furent d’autant plus lourdes pour les satellites qu’ils avaient déjà dépensé presque tout le fruit de leur pillage. En vain voulurent-ils rendre seulement l’argent produit par la vente des objets, le ministre fut inexorable, il fallut rendre les objets eux-mêmes, ou en acheter de nouveaux, selon la liste que chaque chrétien présenta. Après une suite de séances qui se terminèrent au 9 mai, trente-cinq confesseurs, demeurés fermes, furent pour la seconde fois condamnés à mort, et la sentence présentée de nouveau au conseil royal. Elle fut encore rejetée après de longs débats, avec ordre de recommencer la procédure et les tourments.

« Quelques jours auparavant, le 3 mai, des satellites allèrent