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vivement le cœur du Souverain Pontife et des cardinaux de la Propagande. Il n’y avait plus à songer à l’Église de Péking pour les secourir, car cette Église se trouvait elle-même dans le dénûment le plus absolu. Les derniers établissements des Pères Lazaristes français et portugais venaient d’être supprimés quelques mois auparavant. Il fut donc résolu qu’on établirait en Corée une mission séparée, relevant directement du Saint-Siège, et que l’œuvre serait confiée à la Société des Missions-Étrangères.

La Société des Missions-Étrangères a été fondée à Paris, vers le milieu du xviie siècle, lorsque le pape Alexandre VII envoya des vicaires apostoliques français en Chine, en Cochinchine, au Tong-king et au Canada, avec mission, non-seulement de prêcher l’Évangile, mais d’établir dans ces nouvelles églises un clergé indigène séculier. En quittant l’Europe, ces zélés prélats, afin d’assurer l’avenir de leur entreprise, confièrent à quelques-uns des missionnaires qui s’étaient joints à eux le soin de demeurer en France et de leur procurer des collaborateurs, en formant des ouvriers apostoliques aussi capables et aussi nombreux que possible. Pour cela, il fallait fonder un séminaire spécial, ayant pour but unique et exclusif les missions lointaines. Louis XIV favorisa la nouvelle œuvre, et octroya les lettres patentes nécessaires à son existence légale ; le Souverain Pontife donna son approbation par le cardinal Chigi, légat à latere, et le séminaire fut établi, le 27 octobre 1663, dans la maison qu’il occupe encore aujourd’hui. À la fin du xviiie siècle, il avait déjà envoyé dans l’extrême Orient deux cent cinquante-cinq missionnaires, qui se firent remarquer par leur zèle apostolique, et surtout par leur fidélité scrupuleuse à obéir aux ordres du Saint-Siège et à suivre sa direction, dans les questions alors controversées en Chine et ailleurs. Pendant la grande révolution, le séminaire des Missions-Étrangères eut le sort de toutes les institutions religieuses. Les directeurs ayant refusé le serment à la constitution civile du clergé, furent forcés de quitter la France et se réfugièrent, les uns à Rome, les autres à Londres, d’où ils entretinrent la correspondance avec les missions, et purent même expédier quelques missionnaires. Le séminaire avait été vendu comme bien national. Napoléon, par un décret du 2 germinal an XIII (mars 1805) rendit à la société son existence légale. Supprimé de nouveau en 1809, par suite de la lutte impie de l’empereur contre le Saint-Siège, le séminaire fut rétabli en 1815 et, depuis lors, ne cesse d’envoyer dans les missions des ouvriers apostoliques de plus en plus nombreux.