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LIVRE II

La persécution de 1839.
1839-1840.




CHAPITRE I.

Commencement de la persécution. — Premières exécutions.


Au commencement de 1839, de beaux jours semblaient se lever pour l’Église de Corée ; son horizon, si longtemps assombri par le délaissement et la persécution, s’éclaircissait rapidement, et tout lui promettait un avenir de paix et de prospérité. L’entrée successive des trois missionnaires européens, la présence d’un évêque, leurs travaux, leurs visites annuelles à toutes les chrétientés, l’administration régulière des sacrements, avaient relevé le moral des néophytes, consolé les bons, raffermi les chancelants, réconcilié les pécheurs, ramené les transfuges, et donné à la propagation de l’Évangile un nouvel et vigoureux essor. De toutes parts, des païens, quelques-uns très-influents, embrassaient la foi, ou au moins apprenaient un peu à la connaître. À l’extérieur, les relations avec le Saint-Siège, avec le séminaire des Missions qui devait fournir des ouvriers apostoliques, avec l’église de Chine, étaient assurées ; à l’intérieur, malgré la pénurie d’ouvriers et de ressources, les catéchistes, les livres, les associations pieuses, toutes les œuvres nécessaires ou utiles se multipliaient.

Mais, il nous a fallu et il nous faudra le répéter à chaque page de cette histoire, l’arbre de la foi ne s’implante solidement dans un pays païen que quand il est arrosé de sang, et plus cet arbre doit grandir, plus le sang doit couler en abondance sur ses racines. En 1839, Dieu, dans ses vues mystérieuses de miséricorde sur la Corée, retira le seul appui humain qu’avaient depuis quelque temps les fidèles, et la persécution éclata de nouveau, plus furieuse que jamais. Le premier régent, depuis longtemps fatigué et malade, donna sa démission, et le pouvoir exécutif resta tout entier dans les mains du ministre Ni Tsi-en-i, de la branche des Ni de Tsien-tsiou, ennemi acharné des chrétiens. Les rancunes des