Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rapprochées de la capitale. M. Maubant était alors dans la province voisine, et M. Chastan dans les chrétientés du sud. Un de leurs plus grands embarras était la conduite à tenir envers un certain nombre de chrétiens apostats, infortunés qu’on ne devait pas repousser par trop de rigueur, et à qui cependant il fallait, dans leur propre intérêt et dans celui des autres chrétiens, faire sentir la gravité de leur faute. De plus, la famine sévissait cruellement dans tout le pays, et beaucoup de gens mouraient de faim, quoique le roi eût fait ouvrir les greniers publics pour distribuer un peu de riz aux plus nécessiteux. On pense bien qu’en de telles circonstances, les satellites affamés saisissaient avec joie tous les prétextes et toutes les occasions de persécuter les chrétiens un peu riches, afin de les piller impunément.

Secourir toutes ces misères, consoler toutes ces souffrances, ranimer les courages défaillants, réchauffer dans les âmes la foi, l’espérance, la charité, telle était l’œuvre des missionnaires ; et comme si les besoins de la Corée ne suffisaient pas à leur zèle, ils ne perdaient point de vue les îles japonaises de Liéou-kiéou, dont le Saint-Siège avait chargé le vicaire apostolique de la Corée. Mgr Imbert y envoya son fervent catéchiste du Su-tchuen. De son côté, M. Chastan expédiait un autre catéchiste aux Japonais en station à Fusan-kaï, pour tâcher de s’insinuer dans leur esprit, d’en amener, si c’était possible, quelques-uns à la foi, et surtout pour apprendre d’eux s’il y avait encore, malgré deux siècles de persécution, quelques chrétiens dans leur pays.

La formation d’un clergé indigène était, on le comprend facilement, la principale préoccupation des missionnaires, et les périls dont ils étaient environnés en démontraient l’urgente nécessité. M. Maubant avait, nous l’avons dit, fait un premier pas, à la fin de 1836, en envoyant en Chine trois élèves coréens. Ces jeunes gens, après un voyage de huit mois à travers le Léao-tong, la Tartarie et la Chine, étaient arrivés à Macao, remplis de zèle et de bonne volonté. Ils demeurèrent à la procure des Missions-Étrangères et y commencèrent leurs études. Leurs progrès dans la piété, dans la connaissance de la religion et dans la langue latine, étaient très-satisfaisants et donnaient les plus belles espérances, quand Dieu, dont les desseins sont impénétrables, enleva celui qui, par ses talents, par la vivacité de sa foi, promettait le plus pour l’avenir. En 1838, François-Xavier Tseng mourut inopinément de la fièvre. Né à Hong-tsiou, d’une famille noble, autrefois honorée de fonctions publiques, mais réduite à la misère par les persécutions, il avait été désigné