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çonner d’en être les auteurs. « Quant aux chrétiens, dit Kim, il n’y a rien à craindre de leur part, ce ne sont pas eux certainement qui ont jamais excité une révolte. — Je le sais bien, » répondit le régent. Depuis ce martyre de janvier dernier, les confesseurs n’ont été mis, que je sache, à aucune nouvelle épreuve.

« Les chrétiens, dans un petit village seulement, ont eu la faiblesse de participer aux superstitions générales faites à l’occasion de l’anniversaire de la mort du dernier roi. M. Chastan et moi, nous avons parcouru et parcourons les provinces méridionales du royaume dans tous les sens, sans éprouver d’obstacle. Pour obvier à la perfidie des faux frères qui sont les auteurs ordinaires des persécutions, j’avais recommandé de n’apprendre l’arrivée du prêtre qu’à ceux qui observent la religion ; car il y en a, ici comme partout, qui ne l’observent pas. Mais cette recommandation n’a pas eu tout son effet. Non-seulement ces chrétiens tièdes, mais encore nombre de païens savent notre arrivée et même nous ont vus ; de sorte que si la divine Providence ne nous protégeait d’une manière toute spéciale, il y a déjà des mois que nous serions dans le ciel ou au moins dans les prisons. C’est à vos prières, messieurs et très-chers confrères, que nous devons notre entrée et notre conservation en ce pays. Veuillez donc continuer ces prières, offrir à Dieu des sacrifices d’actions de grâces, et obtenir qu’il nous continue sa protection. »

Cet état si précaire, dans lequel se trouvaient les missionnaires, leur faisait désirer ardemment l’arrivée d’un évêque qui pût, avec le temps, assurer la perpétuité du sacerdoce en Corée. Dieu exauça leurs vœux. Le 18 décembre 1837, à minuit, la terre coréenne fut foulée pour la première fois par le pied d’un évêque. C’était l’ange que le Seigneur Jésus envoyait à l’Église de Corée, Mgr Imbert, évêque de Capse et vicaire apostolique. Après treize jours de marche depuis la frontière, il entra dans la capitale, où l’attendait M. Maubant, le soir du 30 décembre.