Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fils Ik-tsong, qui avait été quelque temps associé au gouvernement, le roi Sioun-tsong était resté seul en possession des prérogatives royales ; mais, accablé de chagrin et devenu presque imbécile, il ne survécut pas longtemps, et mourut en l’année 1832, laissant pour héritier un autre fils âgé seulement de sept ou huit ans. Cet enfant fut proclamé roi, et le gouvernement se trouva confié à la reine Kim, sa grand’mère paternelle, assistée d’un conseil de régence composé de trois ministres. Ce conseil administrait l’État depuis plus de quatre ans, lorsque, dans le cours de 1886, deux traîtres, qui avaient fait semblant de se convertir, livrèrent entre les mains des satellites, l’un à Séoul, trois chrétiennes baptisées et cinq catéchumènes, l’autre à An-iang, canton de la province de Tchong-tching-tao, tous les chrétiens d’un village, réunis la nuit pour la prière. Les satellites n’en arrêtèrent que deux, qu’ils traduisirent au mandarin du lieu. Quatre des catéchumènes, arrêtées à Séoul, eurent la faiblesse d’apostasier devant le tribunal, mais la cinquième demanda et reçut le baptême dans la prison, et confessa sa foi au milieu des tourments, avec les trois chrétiennes ses compagnes.

« Le persécuteur, raconte M. Maubant, leur demanda qui leur avait enseigné la doctrine. J’avais, quelque temps auparavant, entendu la confession des trois chrétiennes. Si elles avaient découvert toute la vérité, je serais peut-être déjà avec le bon Dieu et les saints dans le paradis ; mais il faut espérer que ce qui est différé n’est pas perdu. Quand on annonça l’arrestation de ces chrétiennes et catéchumènes au premier des trois régents du royaume, il garda tout d’abord un morne silence : « On a mis autrefois à mort, dit-il au mandarin qui lui apportait cette nouvelle, un grand nombre de chrétiens, et il n’en est survenu aucun avantage pour la famille royale, au contraire ; allez donc et arrangez cette affaire pour le mieux. » Ses deux collègues firent, dit-on, la même réponse. De ce moment, on n’a plus torturé ni questionné les chrétiennes captives, cependant elles sont gardées dans la prison. Le mandarin ou les régents firent revenir à différentes reprises les quatre catéchumènes qui avaient renié la foi, pour solliciter les fidèles chrétiennes à apostasier, comme elles l’avaient fait elles-mêmes. Heureusement la voix de la grâce a été plus forte que celle du démon. J’avais aussi entendu la confession d’un des chrétiens arrêtés à An-iang ; je ne connais pas l’autre : tous deux ont persévéré dans la foi. Le mandarin d’An-iang, indigné, dit-on, de la conduite du malheureux qui lui avait dénoncé les chrétiens, le fit appeler. « Comment, lui dit-il,