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grandes villes, mais ce n’est qu’en passant, et pour quelques années. Leur place est à la capitale, dans les ministères, et auprès du roi.

Les examens militaires sont très-différents des examens littéraires proprement dits. Les nobles de haute famille ne s’y présentent point, et si par hasard quelqu’un d’eux veut embrasser la carrière militaire, il trouve moyen d’obtenir un diplôme sans passer par la formalité du concours public. Les nobles pauvres et les gens du peuple sont les seuls prétendants. L’examen porte surtout sur le tir de l’arc et les autres exercices militaires ; on y joint une composition littéraire insignifiante. Il n’y a qu’un seul degré nommé keup-tchiei. Celui qui l’obtient peut, s’il est noble, et s’il a d’ailleurs du talent et des protections, prétendre à tous les grades de l’armée ; s’il n’est pas noble, il reste ordinairement avec son titre seul. Tout au plus lui donnera-t-on, après des années d’attente, une misérable place d’officier subalterne.

Au reste, quelle qu’ait pu être autrefois la valeur des examens et concours publics, il est certain que cette institution est aujourd’hui en pleine décadence. Les diplômes se donnent actuellement non pas aux plus savants et aux plus capables, mais aux plus riches, à ceux qui sont appuyés des plus puissantes protections. Le roi Ken-tsong commença de vendre publiquement les grades littéraires, aussi bien que les dignités et emplois, et, depuis lors, les ministres ont continué ce trafic à leur profit. Dans le principe, il y eut des protestations et des résistances ; aujourd’hui l’usage a prévalu et personne ne réclame. Au vu et au su de tous, les jeunes gens qui se présentent aux concours annuels, achètent à des lettrés mercenaires des compositions toutes faites, et il n’est pas rare qu’on connaisse la liste des futurs licenciés et docteurs même avant l’ouverture des examens. Les études sont abandonnées, la plupart des mandarins ne savent presque plus lire et écrire le chinois, qui cependant demeure la langue officielle, et les véritables lettrés tombent dans un découragement de plus en plus profond.

Quelques détails sur certaines écoles spéciales du gouvernement compléteront les notions précédentes.

Les études qui ont pour objet les sciences exactes, la linguistique, les beaux-arts, etc…, sont loin d’être en aussi grand honneur que les études littéraires et philosophiques. Peu de lettrés nobles s’y adonnent, et quand ils le font c’est pour eux affaire de pure curiosité. Elles sont l’apanage à peu près exclusif d’un certain nombre de familles qui forment en Corée une classe