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d’hui, dans les plus célèbres écoles et universités d’Europe. Un des parents ou amis du nouveau gradué, docteur lui-même, et appartenant au même parti politique, doit lui servir de parrain, et présider la cérémonie. Au jour marqué, le jeune bachelier ou docteur se présente devant ce parrain, le salue, fait quelques pas en arrière, et s’assied. Le parrain, avec la gravité voulue, lui barbouille le visage, d’encre d’abord, puis de farine. Chacun des assistants vient à son tour lui faire subir la même opération. Tous les amis ou connaissances ayant le droit de se présenter, n’ont garde de manquer une aussi belle occasion. Le piquant du jeu est de laisser croire au patient, à diverses reprises, qu’il n’y a plus personne pour le tourmenter, et quand il s’est lavé, raclé, nettoyé, pour la dixième ou quinzième fois, d’introduire de nouveaux personnages pour recommencer son supplice. Pendant tout ce temps, les allants et venants mangent, boivent et se régalent aux frais de leur victime, et s’il ne s’exécute pas généreusement, on le lie, on le frappe, on va même jusqu’à le suspendre en l’air, pour le forcer à délier les cordons de sa bourse. C’est seulement après cette farce grossière, que son titre littéraire est reconnu valable dans la société.

Les grades que l’on obtient dans les concours publics sont au nombre de trois : tchô-si, tsin-sa, et keup-tchiei, que l’on pourrait comparer à nos degrés universitaires de bachelier, licencié, docteur ; avec cette différence cependant qu’ils ne sont pas successifs, et que l’on peut gagner le plus élevé sans passer par les autres. Il y a des docteurs (keup-tchiei) qui n’ont pas le titre de licencié (tsin-sa), et un licencié n’a pas plus de facilité qu’un autre individu pour obtenir le diplôme de docteur. Comme partout, l’examen comprend une composition écrite et des réponses orales. Les diplômes sont délivrés au nom du roi, celui de tsin-sa sur papier blanc, celui de keup-tchiei sur papier rouge orné de guirlandes de fleurs.

Les tsin-sa, d’après la loi et la coutume, sont surtout destinés à remplir les charges administratives dans les provinces. Quelques années après leur promotion, on en fait des mandarins ordinaires de districts, des gardiens de sépultures royales, etc. ; mais ils ne peuvent prétendre aux grandes dignités du royaume. Les keup-tchiei ont une position à part. Ils sont comme liés à l’État, et remplissent immédiatement, de degré en degré et comme à tour de rôle, les charges du palais, et les grandes fonctions administratives de la capitale. On les envoie assez souvent en province comme gouverneurs, ou mandarins de