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passe une flèche, la pointe en haut, dans chaque oreille repliée ; on dépouille le condamné de ses vêtements jusqu’à la ceinture, et les soldats, courant et gesticulant autour de lui, le sabre à la main, font voler sa tête.

La deuxième espèce d’exécution publique, est celle des coupables ordinaires. Elle a lieu en dehors de la petite porte de l’Ouest. Au moment voulu, on amène devant la prison une charrette au milieu de laquelle est dressée une croix de six pieds ou six pieds et demi de haut. Le bourreau entre dans le cachot, charge le condamné sur ses épaules, et vient l’attacher à la croix par les bras et les cheveux, les pieds reposant sur un escabeau. Quand le convoi arrive à la porte de l’Ouest, où commence une pente très-rapide, le bourreau enlève l’escabeau par un mouvement subit, et le conducteur pique les bœufs qui se précipitent sur la descente. Comme le chemin est raboteux et rempli de pierres, la charrette fait des cahots terribles, et le patient, n’étant plus soutenu que par les cheveux et les bras, reçoit à droite et à gauche des mouvements saccadés qui le font horriblement souffrir. Arrivé au lieu de l’exécution, on le dépouille de ses habits, le bourreau le fait agenouiller, lui place un billot sous le menton, et lui tranche la tête. D’après la loi, un général devrait accompagner le cortège, mais il est rare qu’il se rende jusqu’au lieu de l’exécution. Quelquefois, quand il s’agit d’un coupable dangereux et que les ordres de la cour pressent, on ne remplit pas les formalités habituelles, et l’exécution a lieu à l’intérieur de la ville près de la porte de l’Ouest.

Pour les rebelles et les criminels de lèse-majesté, il y a une troisième espèce d’exécution publique. Tout se passe comme nous venons de le dire ; mais après que la tête est séparée du tronc, on coupe les quatre membres, qui, avec la tête et le tronc, forment six morceaux. Autrefois on ne se servait pas de la hache ou du sabre pour enlever les membres ; on les attachait à quatre bœufs qui, aiguillonnés en sens contraire, écartelaient le corps du décapité.

L’exécution militaire n’a lieu qu’à la capitale, les deux autres se font aussi dans les provinces, avec cette différence que les patients sont conduits au lieu du supplice sans croix ni charrette.

Habituellement les corps des suppliciés sont rendus à leurs familles, et quand plusieurs sont exécutés à la fois, on attache au corps de chacun des plaques de métal ou d’autres signes particuliers pour les faire reconnaître. Quelquefois on les enterre en