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éducation de ses enfants, et sa charité généreuse pour le prochain. Assidu il la prière et à la méditation, il ne manquait jamais à ces exercices ; il jeûnait habituellement trois fois la semaine. Il passait une grande partie de son temps à copier des livres religieux, pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, et il se faisait un plaisir de les expliquer aux chrétiens et aux païens eux-mêmes. Arrêté une première fois, on ne sait en quelle année, le mandarin lui demanda : « Est-il vrai que tu exerces les arts mauvais ? » Il répondit : « Je ne connais et n’exerce nullement des arts mauvais ; » et sans l’interroger davantage, le mandarin le renvoya. Cette expression est quelquefois employée, quoique rarement, en parlant de la religion, mais d’une manière si impropre que nous ne savons si on pourrait blâmer la réponse de Richard. Néanmoins, il regretta toujours depuis de ne pas s’être expliqué plus clairement, et d’avoir manqué de courage.

En 1827, sentant bien qu’il serait nécessairement compromis à cause des nombreux livres écrits de sa main, et réfléchissant que Notre-Seigneur lui-même avait fui plusieurs fois devant ses ennemis, il se cacha quelque temps, tout en se préparant au combat par un redoublement de ferveur. Les satellites de Siangtsiou finirent par le trouver et le conduisirent à cette ville. Le mandarin lui dit : « Est-il vrai que tu suis la religion chrétienne ? — Cela est vrai, répondit-il. — Explique-moi donc la doctrine de Dieu. » Richard fit de son mieux un exposé clair et succinct de la religion chrétienne. » Ce que tu dis est beau, mais enfreindre ainsi la loi du royaume, n’est-ce pas manquer de fidélité au roi ? » À cette question Richard fit la même réponse que nous avons entendu faire à presque tous nos martyrs, et dans les mêmes termes, parce qu’elle se trouve textuellement dans le catéchisme abrégé que presque tous savaient par cœur. Il dit : « Dieu étant le grand roi de l’univers et le père de tous les hommes, nous l’honorons par-dessus tout. Le roi, les mandarins et les parents ne doivent être honorés qu’après Dieu. — Renonce à ce Dieu et fais connaître tes complices. » Sur son refus, on le frappa violemment, mais il demeura constant dans sa profession de foi et fut reconduit en prison. Le lendemain et les jours suivants, le mandarin fit recommencer les tortures mais sans succès, et après quelque temps d’inutiles efforts, le fit transférer à Tai-kou, résidence du gouverneur. Là, il eut à subir de nouveaux supplices, son corps n’était plus qu’une plaie, mais les souffrances ne faisaient qu’augmenter l’ardeur de son