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chargé, ce que tous les assistants ne pouvaient voir sans une vive émotion. André, non moins fidèle à son Dieu que dévoué à son père, supporta jusqu’au bout avec intrépidité de nombreuses tortures, et après avoir mérité d’entendre prononcer sa sentence de mort, fut aussi renvoyé à la prison jusqu’au jour de l’exécution.

La première expédition des satellites dans le village de Aing-mou-tang avait, nous l’avons dit, complètement échoué. Une seconde tentative eut plus de succès. Parmi les chrétiens saisis alors et conduits à cette même préfecture de Siang-tsiou, deux surtout méritent de fixer notre attention : ce sont André Kim et Richard An.

André Kim Sa-keun-i était du district de Sie-san. Sa famille avait été riche et opulente : mais ses parents, après leur conversion, furent obligés d’abandonner leurs biens, et d’émigrer dans les montagnes, de sorte qu’il lui restait très-peu de chose. Quoiqu’il fût naturellement fier et irascible, son caractère, sous l’influence de l’éducation religieuse que lui donnèrent ses parents, était devenu doux, humble et charitable. En 1815, son oncle Simon fut martyr pour la foi, et son père Thaddée envoyé en exil. André jeune encore fut relâché, et depuis il disait souvent avec regret : « Quelle belle occasion j’ai perdue ! » Son père étant en exil, André consacra sa vie aux bonnes œuvres. Il allait de côté et d’autre chez les chrétiens, faisait parvenir des livres et des objets religieux dans les lieux éloignés, prêchait et exhortait sans cesse, s’efforçait d’ouvrir l’intelligence aux ignorants, et surtout baptisait beaucoup d’enfants païens en danger de mort. Il se rendait fréquemment au lieu d’exil de son père, le consolait et le fortifiait de tout son pouvoir. Il donnait la plus grande partie de son temps à la prière, à la prédication et aux lectures pieuses, instruisant sa famille avec beaucoup de soin, édifiant tous les chrétiens par ses bons exemples. Il conservait toujours dans le fond du cœur l’espérance que Dieu lui rendrait l’occasion du martyre qu’il avait une fois manquée.

Quand s’éleva la persécution de 1827, il comprit de suite qu’après avoir fait connaître la foi chrétienne, si souvent et en tant d’endroits divers, il ne pouvait manquer d’être dénoncé et saisi. En conséquence il multiplia ses oraisons pour se préparer à bien répondre aux desseins de Dieu. Quelque temps après, il fut pris en effet, et conduit au tribunal de Siang-tsiou. Le juge, après quelques questions préliminaires, lui dit : « Explique-moi franchement quelle est votre religion, et quelles sont les règles