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Job Ni Il-en-i surnommé T’ai-moun-i, plus connu sous le nom de Ni d’An-ei, était du village de Tai-pol, au district de Hong-tsiou. Il fut instruit de la religion par ses parents, et la pratiquait déjà avant la persécution de 1801. À cette époque il fut pris et, après une détention dont on ignore la durée elles détails, exilé à An-ei, province de Kieng-siang. Arrivé au lieu de son exil, mal vu du mandarin et des prétoriens, il fut enfermé dans la prison, ce qui n’a pas lieu ordinairement pour les exilés. De plus, on ne lui donnait à manger qu’une fois par jour, quelquefois même tous les deux jours seulement, et on alla jusqu’à lui refuser le feu et l’eau. Job demeura ainsi renfermé dans la prison pendant dix ans, exposé à toutes sortes d’avanies et de mauvais traitements. Mais en véritable chrétien, il semblait ne pas entendre les injures, ne pas ressentir les outrages. Son inaltérable résignation parvint à gagner les esprits prévenus, les geôliers devinrent peu à peu moins cruels envers lui et, à la fin, on lui permit d’aller se loger sous caution dans une maison particulière.

En 1815, sa femme put venir le rejoindre au lieu de son exil, et ils vécurent ensemble à An-ei, jusqu’à la cinquième lune de l’année 1826. Job fut mis alors en liberté, et vint s’établir au village de T’ai-p’an, au district d’Im-sil, province de Tsien-la. Il y était à peine installé quand surgit la persécution de 1827. Sa femme l’engageait à fuir, mais il ne semblait pas entendre ses paroles. Un jour qu’il avait disparu, on le chercha partout, et enfin on le rencontra seul dans un lieu retiré, assis et pleurant à chaudes larmes. Interrogé sur la cause de ses pleurs, il répondit : « Autrefois j’ai manqué une belle occasion d’être martyr, et je regrette vivement de m’être laissé envoyer en exil. Maintenant n’est-il pas bien triste pour moi d’être dans un lieu retiré et de n’avoir aucune chance de donner ma vie pour Dieu ? » Ses soupirs étaient sans doute montés jusqu’au Ciel, car, trois jours après, les satellites de Tsien-tsiou vinrent inopinément l’arrêter. Il les suivit plein de joie. Dès le premier interrogatoire, le juge criminel ayant connu ses antécédents, le fit battre plus cruellement que de coutume ; et, quelques jours après, le voyant déterminé, prononça la sentence de mort. Job était petit et avait une chétive apparence. Mais sa constance et sa fermeté dans les supplices le firent bientôt remarquer de tous les gens du prétoire, et ils se disaient : « Nous l’avions mal jugé sur la mine. Cet homme-là est un vrai chef de chrétiens. » Job fut donc laissé à la prison en attendant l’exécution.

Pierre Kim Tai-koan-i était d’une famille originaire de Sou--