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tiste multipliait ses prières et ses exercices de pénitence. Après plus de dix ans, ses efforts furent enfin couronnés de succès, et son père se fit chrétien deux ans avant sa mort. Obligé d’émigrer plusieurs fois, Jean-Baptiste s’était enfin établi au district de Ho-san, province de Tsien-la, où il avait pour principale occupation de secourir les malades et les indigents, et dans les années de famine, de donner la sépulture aux morts abandonnés sur les routes.

C’est dans l’exercice de ces bonnes œuvres qu’il fut arrêté, le 23 de la troisième lune, par les satellites de Tsien-tsiou. Bientôt ses deux frères et tous les membres de sa famille, au nombre de treize, furent saisis et consignés, les uns à la prison, les autres chez des particuliers sous caution. Jean-Baptiste comparut au tribunal de Tsien-tsiou. « Qu’as-tu fait de tes tablettes ? » lui dit le mandarin. — Je les ai enterrées. — Tu n’honores donc pas tes ancêtres ? — Je puis bien honorer mes parents, mais un morceau de bois coupé sur la montagne peut-il devenir jamais mon père et ma mère ? » — On lui demanda ensuite diverses dénonciations, et sur son refus, on lui fit subir l’écartement des os des bras plus de dix fois de suite ; ses bras furent brisés, il perdit connaissance, et on le reporta en prison la cangue au cou. Trois jours après, cité de nouveau, il fut encore sommé de faire des dénonciations et reçut plus de trois cents coups de bâton. Huit ou dix interrogatoires se succédèrent ainsi, et à chaque fois on lui infligeait de nouveaux supplices. À la fin, le gouverneur lui dit : « Puisque tu violes la loi du royaume et restes entêté dans tes idées, périrais-tu dix mille fois, tu n’es pas digne de compassion. » Jean-Baptiste était décidé à mourir. On n’a pas cependant de preuves authentiques que sa sentence ait été prononcée, il fut laissé indéfiniment à la prison où, après neuf ans de souffrances et huit mois de maladie, il mourut à l’âge de cinquante-huit ans, le 11 de la quatrième lune de l’année eul-mi (1835).

Avec Jean-Baptiste Ni avait été saisi le troisième de ses frères, nommé Jean Ni Seng-sam-i. Celui-ci, dans sa jeunesse, avait, selon le désir de ses parents, étudié les lettres, tout en se livrant aux travaux du corps. Aussi copiait-il beaucoup de livres religieux, qu’il vendait ou donnait aux chrétiens. Il s’occupait en outre de l’instruction des pauvres fidèles et, quoique son caractère fût naturellement violent et emporté, il avait su se dompter si bien, qu’il gagnait tous les cœurs par la douceur et la charité de ses paroles. Arrêté en 1827, il avait déjà subi de nombreux supplices devant le juge criminel, quand plusieurs prisonniers le