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permit qu’elle eut quelque part à la gloire des confesseurs. Elle fut arrêtée au village de Pan-tai-ma-cal, district de A-san, à la troisième lune de 1825, et conduite à Haï-mi, où elle rencontra Augustin Pai. Sommée d’apostasier et mise à la question plusieurs fois, elle montra une force toute virile et ne se laissa nullement ébranler. Elle obtint plus tard de quitter la prison, sous la condition de se présenter au mandarin deux fois par mois, et mourut de maladie quelque temps après.


L’année 1826 ne nous présente rien d’intéressant. D’après un bruit répandu parmi les chrétiens, l’empereur du Japon aurait alors écrit au roi de Corée pour l’avertir que six sujets japonais de la religion de Jésus, avaient lui dans une petite barque. « S’ils sont venus dans votre royaume, ajoutait-il, veuillez les faire saisir et me les renvoyer. » Nous n’avons pu vérifier ce fait.

Sauf les quelques vexations locales dont nous venons de parler, l’Église de Corée était en paix, et ses ennemis ne semblaient pas songer à l’attaquer de nouveau, lorsqu’en l’année tieng-hai (1827), l’imprudence et la mauvaise conduite de plusieurs chrétiens devinrent la cause d’un horrible désastre. En 1815, nous avons vu la tempête se déchaîner sur la province de Kieng-siang ; cette fois, le principal théâtre de la persécution sera la province de T’sien-la, si cruellement éprouvée déjà en 1801. De longues années de tranquillité y avaient fait émigrer depuis lors un grand nombre de chrétiens, auxquels s’étaient joints, peu à peu, beaucoup de nouveaux prosélytes.

Dans le village de Tek-sil, au district de Kok-sieng, vers le sud-est de la province, se trouvait une fabrique de poterie, dont tous les ouvriers étaient chrétiens. Un nouveau converti, nommé Tsien, y avait établi un débit de vins pour le service du village. Han Paik-kiem-i, fils du célèbre martyr Thomas Han, homme trop connu par la violence de son caractère et sa conduite peu exemplaire, vivait alors dans ce village, et par ses actes, ne justifiait que trop le dicton des chrétiens : « Faut-il qu’un si noble martyr ait laissé un si mauvais fils ? » Un jour que les vases de terre devaient être retirés du four, il y eut, selon l’usage, grand concours de peuple et, par suite, de copieuses libations. Han Paik-kiem-i, excité déjà par les fumées du vin, se plaignit vivement que ses vases étaient trop petits, et après s’être disputé avec le cabaretier, il s’en prit à la femme de celui-ci, l’insulta et la battit cruellement. Le cabaretier, dont la foi n’était pas encore bien consolidée, ne put supporter une telle injure et résolut d’en