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tion, afin de ne pas s’exposer à mourir sans avoir été régénérés. D’après la tradition, ce terrible fléau, jusqu’alors inconnu en Corée, y arriva du Japon. Ce que l’on raconte de sa marche et de ses ravages ressemble à ce que l’on a vu en Europe et dans d’autres contrées, quand il s’y montra pour la première fois. Les Coréens en parlent encore en tremblant. C’était partout la mort, et la mort presque subite. Aucun remède ne pouvait arrêter les progrès du mal. Toutes les familles étaient dans le deuil, toutes les maisons renfermaient des cadavres, souvent même les routes en étaient jonchées. Après quelques mois, on crut avoir trouvé quelques remèdes d’une efficacité au moins douteuse, ou plutôt le fléau diminua d’intensité, et finit par disparaître. Depuis lors, il n’a pas reparu comme épidémie, jusqu’en l’année 1850. Mais à cette époque, il s’est comme implanté dans le pays, et a fait à diverses reprises de nombreuses victimes, surtout en 1858 et dans les quatre ou cinq années suivantes.


Cependant Paul Tieng, malgré sa jeunesse, se trouvait par le fait à la tête des affaires de la chrétienté. Charles Hien, fils du martyr Hien Kim-heun-i, Paul Ni Tsiong-hoi, frère cadet du martyr Charles Ni, et plusieurs autres, dont nous aurons souvent à parler dans la période qui suivit l’arrivée des missionnaires, s’étaient associés à ses efforts. Chaque fois que Paul retournait à Péking, quelques chrétiens l’accompagnaient pour recevoir les sacrements de Baptême, de Confirmation, de Pénitence et d’Eucharistie. En 1823, notre intrépide voyageur dut être bien consolé et fortifié par un événement tout providentiel qui, en rendant beaucoup plus faciles les communications avec l’Évêque de Péking, semblait annoncer que les temps de la miséricorde approchaient. Nous voulons parler de la conversion d’Augustin Niou Iong-sim-i, homme vraiment grand par ses talents et son énergie, plus grand encore par ses vertus et sa patience dans les souffrances.

Augustin Niou était d’une des principales familles d’interprètes, et depuis plusieurs générations, ses ancêtres avaient occupé des postes importants. Dès l’enfance, il montra beaucoup de goût pour l’étude et s’y livra avec une telle ardeur et un tel succès, qu’avant l’âge de vingt ans, il avait déjà la réputation d’homme très-instruit. Quoiqu’il fût riche et dans une belle position, il ne recherchait aucunement la gloire et les plaisirs du monde ; son unique passion était pour les études sérieuses. Il voulait arriver à connaître clairement l’origine et la fin de