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et récité même, assure-t-on, les oraisons de la recommandation de l’âme, il sortit dès le matin, alla se laver à la fontaine voisine, puis, s’asseyant an bord de la fontaine sur une grande pierre, rendit le dernier soupir, sans que les personnes qui étaient près de lui s’en aperçussent. Son corps exhalait une odeur agréable, et, pendant plusieurs jours, conserva toute sa souplesse. C’était en l’année kap-sin (1824).

San Ie-sim-i, père de Joseph, avait été aussi arrêté, trois jours après son fils, et conduit à la préfecture de Haï-mi. Il supporta résolument, à plus de vingt reprises différentes, de cruels supplices. Le bruit courut qu’à la fin il s’était laissé ébranler. Il est certain toutefois qu’il fut consigné à la prison et qu’il y avait passé au moins dix ans, avec d’autres chrétiens détenus comme lui, lorsqu’il fut atteint d’une maladie très-dangereuse. Le mandarin l’envoya dans sa famille, avec ordre de revenir après sa guérison ; mais cet ordre fut inutile, car il mourut bientôt après, dans l’année tieng-hai (1827).

À l’histoire de l’année 1817 se rattache un trait bien édifiant, inconnu de la plupart des chrétiens. Ni Iong-pin-i, dont le nom de baptême n’est pas connu, qui peut-être même ne fut jamais baptisé, vivait à Kam-t’ang-kai, au district de Siou-ouen. Il avait épousé une personne de la famille chrétienne de Tsio Han-tsi, et perdu au milieu des infidèles, pratiquait la religion seul avec son épouse. Devenu veuf, il se retira chez un de ses parents qui tous étaient païens, pour y trouver un moyen d’existence, et continua d’accomplir ses devoirs religieux avec fidélité et ferveur. Déjà bien des murmures s’étaient élevés contre lui de la part de sa famille, mais il n’y faisait pas attention, et ne pensait qu’à servir Dieu de tout son pouvoir. Un de ses cousins, animé de dispositions plus bienveillantes, semblait devoir écouter avec docilité quelques paroles sur la religion. Poussé par le désir de sauver cette âme, Iong-pin-i lui exposa, tout au long, ce qu’il savait du christianisme. Son zèle fut-il couronné de succès ? nous l’ignorons ; mais sa famille, déjà mal impressionnée contre lui, craignant qu’il n’infatuât plusieurs de ses membres de la fatale doctrine, et n’attirât ainsi de grands maux sur la tête de tous, résolut de se défaire de lui. On essaya d’abord de le faire apostasier, et comme il ne voulait pas renoncer à sa foi, on l’enleva secrètement, et on le fit périr.


Dans les années qui suivirent, nous ne rencontrons aucun événement mémorable. Presque à chaque ambassade, Paul Tieng