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pour Dieu, à lui consacrer sa virginité ; et sa résolution s’affermit encore quand elle eut le bonheur de recevoir les sacrements de la main du P. Tsiou. Thérèse était âgée de dix-huit ans, quand, par suite de la grande persécution, ses frères furent envoyés en exil et sa famille entièrement ruinée. Toutefois elle ne laissa échapper aucune plainte, et, n’ayant plus d’appui en ce monde, elle se retira à la capitale avec un de ses neveux, toujours décidée à refuser le mariage. Bientôt ses parents la voyant sans ressources, et craignant les clameurs des païens si elle restait seule, lui firent considérer les dangers de cet état dans les tristes circonstances où elle se trouvait, et, à la fin, elle se rendit à leurs observations bien qu’à contre-cœur.

Elle fut donc, à l’âge de vingt et un ans, donnée à Pierre Tsio, qu’elle savait être un chrétien assez tiède. Les usages du pays ne lui permettant pas de parler tout d’abord librement à son mari, elle prépara un écrit où elle faisait ressortir la beauté de la virginité, et l’exhortait à garder avec elle la continence. Elle lui remit ce papier, aussitôt qu’ils furent seuls dans la chambre nuptiale ; chose extraordinaire, Pierre, subitement changé, accéda à ses désirs, et ils se promirent de vivre comme frère et sœur. Thérèse vit là, et avec raison, une preuve manifeste du secours de Dieu, et ne cessa de l’en remercier. Les deux époux vivant ensemble dans une harmonie parfaite, la foi de Pierre fut bientôt ranimée par l’insigne vertu et les paroles pénétrantes de sa pieuse épouse, et en peu de temps, il devint un tout autre homme.

Lorsque la tranquillité fut complètement rétablie, il transporta sa famille à la capitale, où il continua de se livrer à toutes sortes de bonnes œuvres. Leur pauvreté était grande, et souvent ils manquaient du nécessaire. Tous deux néanmoins supportaient avec joie les privations ; et, à force d’économie, ils trouvaient encore moyen de faire l’aumône à de plus pauvres qu’eux. Pierre, tout appliqué à la prière et aux méditations, versait souvent des larmes abondantes au souvenir de ses péchés. Voyait-il quelque chrétien dans la tiédeur, il en était sensiblement affligé, et s’empressait de le réveiller par des exhortations que Dieu rendait presque toujours efficaces. Il instruisit et convertit beaucoup de païens, et, par son zèle à baptiser les enfants en danger de mort, procura le salut éternel à un grand nombre de ces pauvres créatures. Chrétiens et païens se faisaient un plaisir de l’entendre, et se présentaient sans cesse en foule pour profiter de ses leçons. Ne se mêlant jamais à aucune des affaires du monde, il n’avait d’application